Olivier Mak-Bouchard
(Editions Le Tripode) août 2020
Pour cette rentrée littéraire 2020, les éditions Le Tripode ont décidé de ne publier qu’un seul roman, non pas à cause du COVID-19 mais par un choix éditorial affirmé, qu’elles ont déjà fait en 2018 quand elles avaient décidé de publier Le Sillon de Valérie Manteau uniquement, choix judicieux puisque l’ouvrage avait obtenu dans la foulée le prix Renaudot.
Les éditions Le Tripode sont donc tombés sous le charme d’un ouvrage d’une rare beauté écrit par un auteur jusqu’à alors inconnu, un certain Olivier Mak-Bouchard, qui a grandi dans le Luberon et qui vit aujourd’hui à San Francisco. Le Dit du Mistral, son premier roman, aura donc le privilège d’être l’unique représentant de cette maison d’édition, l’avenir nous dira s’il rencontrera le même succès que l’ouvrage de Valérie Manteau.
Avant de passer au cœur de l’ouvrage, à son contenu et son histoire, nous ne pouvons que souligner l’élégance du livre en tant qu’objet, les éditions Le Tripode nous proposant toujours des livres soignés avec une très belle qualité de papier et des couvertures toujours soignées, celle-ci étant illustrée par un certain Phileas Dog.
Venons-en à l’histoire maintenant et à l’écriture de cet auteur dont on devrait beaucoup entendre parler à la sortie du livre quand l’ouvrage aura rencontré le succès qu’il mérite, ce dont je ne doute pas une seule seconde.
Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à sa porte Monsieur Sécaillat, le paysan d’à côté. Pourquoi ce vieil homme d’ordinaire si bourru est-il venu à la rencontre de son voisin et quel secret cache-t-il ?
L’homme lui répond en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie et la terre gorgée d’eau, un pan d’un ancien mur de pierres sèches s’est éboulé. Au milieu des décombres surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes décident de mener une fouille clandestine, sans se douter qu’elle va complètement chambouler leur vie. Ils découvrent une statue de femme, une déesse autrefois vénérée par les gaulois, avant que les romains n’investissent le Luberon. Sous cette statue se trouve aussi une source aux vertus thérapeutiques particulières.
L’ouvrage prend ensuite une autre dimension flirtant de très près avec le fantastique, entremêlant histoires locales, légendes et rêves. Difficile d’en extraire quelque chose de particulier pour le relater sous la forme d’une chronique classique. La lecture de cet ouvrage ne ressemble à aucune autre, c’est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence, un voyage incroyable mais aussi un grand livre sur l’amitié, sur la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles qui nous suivront.
Si le concept de livre de terroir n’existe pas, Le Dit du Mistral, vous remarquerez au passage la très grande originalité de ce titre, cet ouvrage pourrait facilement définir ce concept, avec ici comme bande son ce fameux mistral, ce vent particulier que l’on ne trouve que dans cette région, qui peut, paraît-il rendre fou certaines personnes.
Sous la plume d’Olivier Mak-Bouchard, le Luberon s’enorgueillit d’une beauté rare, que cela soit par les paysages qu’il nous décrit ou les légendes qu’il nous raconte. Le Dit du Mistral est sublime, déroutant parfois mais délicieusement inattendu, sûrement une des révélations de cette rentrée littéraire.
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