Transience of life
(Microcultures Records) septembre 2020
"My home is above the sphere of parting sorrow in the ocean of regret. I am the goddess of disillusionment from the grotto of emanating frangance on the mountain of expanding spring in the illusory land of great void". Chapter 5, Hung Lou Meng / Dream of the red chamber.
"Si bien qu'ayant maintenant laissé s'écouler la moitié de mon existence sans me rendre maître d'aucune technique, j'ai voulu, de toutes mes fautes, tirer un ouvrage en guise d'avertissement à l'universalité des humains". Dream of the red chamber Vol1, Récit 1
Nous avions salué dans la chronique de leur disque précédent (Pink Air sorti chez Microcultures) l’exemplarité de la carrière d’Elysian Fields, la force et l’intensité mélodique, la subtilité de l’écriture à la fois pour la musique comme pour les textes. Transience of life continue de creuser ce même sillon, ce "son unique, sensuel et acide" et montre un groupe toujours aussi créatif.
Ce Transience of life est un disque conceptuel tiré du roman chinois datant du 18ème siècle : Dream of the Red Chamber (le rêve dans le pavillon rouge) écrit par Cao Xueqin. Le roman, célèbre et célébré en Chine, est un mélange de réalisme, de romance impossible, d’histoires de destins, de servitude et de pouvoir, de vie quotidienne et d'événements surnaturels. Écrit sous forme de série d'épisodes, il retrace le déclin de la famille Jia, composée de deux branches principales, avec toutes une galerie de personnages (avec une trentaine de personnages principaux et plus de 400 mineurs).
Les paroles de ce disque s’appuient sur ce roman, sur des textes de Warren Zevon et Lu Chen, sur d’autres poèmes de Xueqin et décrivent un monde où le surnaturel tient sa place, parlent du destin, de la mort, de l’évanescence des choses, de l’amour...
Le groupe travaille sur la modalité, les timbres (avec l’intervention de Dana Ly au violon et Gamin Kang au piri (sorte grosso modo de hautbois)), avec par petites touches sur les esthétiques asiatiques, tout en restant majoritairement rock (aux atmosphères et arrangements travaillés, sans perdre de vue un côté tres direct également). Jennifer Charles joue avec les inflexions vocales (rappelant parfois le chant asiatique) et semble planer parfois au-dessus du reste de la musique.
Cela pourrait être étrange et presque anecdotique mais cela fonctionne parfaitement tout en évitant de faire du rock à la chinoise. Totalement envoûtant !
Coup de froid sur le pays, tant en terme de météo que de politique. Réchauffons nos petits coeurs avec de la musique, des livres du théâtre et la MAG#90...
Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.