"Teenage Mary said to Uncle Dave
I sold my soul, must be saved
Gonna take a walk down to Union Square
You never know who you're gonna find there
You gotta run, run, run, run, run"

La rencontre entre Emily Loizeau et Lou Reed est un peu fortuite. Elle est née d’une invitation du Marathon des mots à Toulouse en 2014. Cela a donné à la chanteuse l’occasion de se replonger dans l’univers du musicien Américain et de l’appréhender autrement. Elle s’est appuyée notamment sur Traverser Le Feu de Bernard Comment publié au Seuil avec les traductions de Sophie Couronne. Et puis, au fur à mesure des concerts, alors que le spectacle se monte, mieux comprendre l’essence de ses mots, de cette plume intense, effrontée, âpre et de sa musique.

Cette plongée dans l’univers de Lou Reed, dans sa musique (surtout avec le Velvet Underground), dans la poésie et la pulsation de ses mots, dans leur rythme, dans l’agogie Emily Loizeau va le faire avec son piano naturellement mais aussi avec le guitariste Csaba Palotaï et avec des lectures et chœurs de la comédienne Julie-Anne Roth.

Ce très beau disque existe pour garder une trace du concert, pour graver dans le temps ces moments. Emily Loizeau, mais il en va de même pour Csaba Palotaï et Julie-Anne Roth, y met toute son âme, reste elle-même sans jamais se travestir des oripeaux rock. La réappropriation dépasse largement le registre de l’exercice de style. Il y a une intensité, une intelligence du propos.

Les musiciens créent un rapport intimiste avec l’œuvre de Lou Reed mais également entre eux et avec le public pour aller vers quelque chose à la fois de tendu et de plus simple, direct.

On y croise : "Run Run Run", "Sunday Morning", "Femme Fatale", "Perfect Day", "Walk On The Wild Side", "Pale Blue Eyes", "Stephanie Says", "Sword of Damocles"... New-York, Stephanie. "Le calme avant la tempête". Superbe.