Comédie satirique écrite et mise en scène par Faustine Noguès, avec Léa Delmart, Rafaela Jirkovsky, Ulysse Robin, Nino Rocher, Damien Sobieraff et Blanche Sottou.
Ce qui s'est passé ailleurs, notamment en Italie, et ce qui se passera peut-être en France la prochaine fois, est advenu il y a dix ans à Reykjavik, la capitale de l'Islande, qui rassemble pratiquement tous les habitants d'une île connue pour ses geysers et la chanteuse Bjork : un comique a pris le pouvoir à la mairie. "La France était coupée en deux, avec moi, elle sera pliée en quatre" prétendait Coluche avant l'élection de 1981. C'est donc ce qui s'est théoriquement produit selon Faustine Noguès, l'auteur de "Surprise Parti", puisque sa pièce est définie sur l'affiche du spectacle comme "une comédie politique et urgente sur un Coluche venu du froid". Le tout début de la pièce donne le ton : les trois finalistes à la mairie de Reykjavik font un débat et chacun emploie une lettre et n'utilise que des mots commençant par cette lettre pour dresser son programme. L'un, par exemple à un A et ne place dans sa conversation que des mots en A. Un de ses adversaires lui rétorque par des mot commençant par T. Et, en fin de compte, chacun dit à peu près la même chose. Dès lors, grâce à une scénographie inventive d’Alice Girardet, les six protagonistes de cette "surprise parti" cherchent à raconter ce moment étrange où un parti post-punk est arrivé aux affaires à la mairie de la capitale islandaise. On suppose que cela va être amusant de bout en bout et porteur de leçon pour les autres pays européens qui risquent de connaître dans l'avenir un phénomène comparable.
Mais on se heurte rapidement à une difficulté de compréhension : Faustine Noguès raconte-t-elle des événements qui sont réellement survenus en Islande ou les a-t-elle transposés ou adaptés pour le spectateur français ?
Comme on ne connaît pas grand chose de la vie politique islandaise, on reste dans l'expectative et on en oublie de rire, surtout que l'auteure a voulu garder la mesure. Il aurait fallu certainement que Faustine Noguès n'hésite pas à aller jusqu'au bout de la farce, ose la caricature et se permette le grotesque.
Comme ce n'est pas le cas, on est un peu déçu de ne pas distinguer vraiment les heurs et malheurs d'un amuseur pris dans les arcanes d'un pouvoir qu'il est plus difficile de conserver que de conquérir. Il aurait fallu plus de radicalité : complètement oublier le contexte islandais et placer l'histoire dans un cadre français ou pseudo-français. Dès lors, la jeune troupe aurait pu faire rire avec des faits, connus et sus de tous, trouvés dans les campagnes politiques françaises et analogues à ceux qu'elle essayait de situer dans le Grand Nord.
Reste une tentative intéressante et une grande générosité de la troupe qui se dépense sans compter pendant cette heure et demie à Reykjavík. |