Réalisé par Gints Zilbalodis. Lettonie. Animation. 1h31 (Sortie 23 septembre 2020).
Voilà un film d'animation en 3D qu'on dira minimaliste. Pour son premier long métrage, le letton Gints Zilbalodis embarque son spectateur dans un voyage de couleurs,de sensations et de musiques.
Pas un mot dès que commence ce périple dans un univers étrange où l'on traversera avec son petit personnage à lunettes sur sa moto des paysages enneigés, des forêts, des lacs, des champs, où l'on croisera des éléphants, des lamas, des chats... et un étrange monstre "primaire", sorte de singe fantôme à l'allure pataude... Que veut-il au jeune héros sur sa moto ? Pourquoi le poursuit-il ?
Beaucoup d'images et paradoxalement pas tant que ça dans cet espèce de rêve éveillé. Rescapé d'un accident d'avion, suspendu par un parachute à un arbre qui lui sauve la vie, le jeune garçon qui va devenir le motard en perpétuel fuite pourrait être un personnage de jeu vidéo confronté à des niveaux différents du jeu.
Le spectateur qui n'a jamais tâté de la "Play Station" ne verra sans doute par "Ailleurs" de Gints Zilbalolis comme celui qui considère les jeux vidéos comme une culture moderne et qui les pratique régulièrement.
Les deux se rejoindront dans une conclusion identique : le côté hypnotique de l'oeuvre de Gints Zilbalolis où il n'est pas grave d'avoir quelques absences. S'il n'était maintenu conscient par la musique électronique inventée par le réalisateur-dessinateur lui même, le spectateur pourrait connaître quelques assouplissements. On ne peut pas dire que cela soit trop grave.
Le dessin jamais agressif, plutôt rond, assez inspiré dans ses décors par des maîtres japonais comme Hayao Miyazaki, est d'une grande beauté formelle. Les images sont douces et jamais saturées. Pas question non plus qu'elles se succèdent à un rythme effréné. "Ailleurs" de Gints Zilbalolis est un anticlip où les changements de lieux et d'action ne sont jamais brutaux.
Si l'on se laisse porter par cette animation originale, on sera emporté par ce voyage de 75 minutes qui semble avoir durer à la fois quelques secondes ou quelques heures. C'est peu d'écrire qu'ici on perd la notion du temps, de l'espace et qu'on est complètement dans la 3D. L'effet souhaité est vraiment atteint. On sort dépaysé et satisfait de la résolution d'un récit qui s'est déroulé sans anicroche.
"Ailleurs" de Glints Zilbalolis est d'une grande puissance narrative et propose quelque chose d'assez nouveau à tous ceux qui se seront abandonnés à l'exercice. On leur prédit au final un état d'apaisement inédit et bien agréable, même avec un masque sur le visage... |