Tout dans la création des modèles de Azzedine Alaïa tend et révèle et à l'excellence de la ligne et de la coupe dans la construction du vêtement tendant à l'épure et dont la simplicité évidente à l'oeil recèle une technique de haut vol pour réaliser ce qu'il voulait être une sculpture souple constituant une seconde peau avec sa puissance d'évocation charnelle.
Des principes et des exigences qu'il partage avec les plus grands noms de la couture, ses contemporains, mais également ses figures tutélaires inscrites au rang des architectes de la mode telle celle de Cristóbal Balenciaga, surnommé e son temps "le couturier des couturiers".
Les deux noms sont réunis pour une sublime exposition organisée par la Fondation Azzedine Alaïa sous le titre "Alaïa et Balenciaga - Sculpteurs de la forme" qui met essentiellement en résonance leurs créations autour de la couleur noire, couleur emblématique de Balenciaga qui l'a décliné de manière obsessionnelle et une des couleurs fétiches d'Alaïa.
Conçue sous l'égide d'Olivier Saillard, historien d'art et ancien directeur du Palais Galliera, qui connaît parfaitement le sujet ayant présidé à la conception des expositions "Alaïa" en 2014 audit Palais et "Balenciaga - L'Oeuvre au noir" qui s'est tenue en 2017 au Musée Bourdelle, la (dé)monstration se développe dans un superbe parcours circonvolutionnaire à la scénographie lumineuse, entre cimaises opalescentes et néons luminescents, réalisée par le designer américain Kris Ruhs.
Ode à la Femme en Noir
L'association de modèles iconiques d'Azzedine Alaïa et de ceux de Balenciaga sélectionnés dans la Collection Alaïa détenue par la Fondation s'opère en séquences ordonnées principalement autour d'une pièce iconique du vestiaire féminin, la robe, telle que déclinée dans la garde-robe de la femme élégante dont la journée est rythmée par la mondanité.
En premier lieu, le tailleur, et pour l'heure du cocktail, la fameuse petite robe noire dont il est difficile de déterminer le signataire tant elle s'avère intemporelle.
Ensuite, avec les tenues du grand soir et la robe bustier, summum de l'étenel féminin.
Par ailleurs, sont regroupés des modèles ressortant au tropisme ibérique auquel était attaché Balenciaga avec sa revisite tant ses tenues du Siècle d'or espagnol, des costumes traditionnels espagnols, avec le travail de la broderie des mantilles et les volants des jupes de maja à la veste de toréador, que des pièces du vestiaire féminin du 19ème siècle comme le boléro et le mantelet.
A cet égard le travail sur la dentelle met l'accent sur la dualité ombre/lumière et appelle un regard attentif sur la technicité du travail opéré non seulement en raison du choix de matières comme le taffetas, l'organza de soie, la mousseline et la maille, voire le cuir, mais également par le contraste des matières et leur façonnage du matelassage au bouillonné en passant par les incrustations.
A voir également en étage, une salle dédiée à Balenciaga avec des croquis d'atelier, photos et films d'archives de collections et défilés. |