Direction la Chine avec les éditions Delcourt Littérature qui n’ont de cesse de nous proposer des nouveaux auteurs et des premiers romans qui viennent des quatre coins du monde. A chaque fois, c’est pour le lecteur l’assurance de belles lectures et de belles découvertes.
Nous voilà donc en compagnie d’une auteure chinoise vivant à Pékin, une certaine An Yu qui, avec Porc braisé, nous offre un premier roman intense et onirique, porté par une atmosphère qui fait écho aux films de l’immense Wong Kar-Wai et aux livres de Haruki Murakami.
Un matin d’automne, Jia Jia pousse la porte de la salle de bains de son opulent appartement de Pékin et découvre son mari sans vie dans la baignoire. Il a laissé pour elle sur le lavabo le dessin énigmatique d’un homme-poisson.
Cette étrange figure aquatique ne cessera dès lors de la hanter. Perdue et sous le choc, Jia Jia déambule dans la ville, boit plus que de raison, et noue peu à peu une relation avec un barman qui semble appartenir à cette seconde espèce d’hommes, ceux qui guérissent plutôt qu’ils ne blessent.
Libérée d’un mariage asphyxiant, Jia Jia se redécouvre, renoue avec sa passion pour la peinture et affronte son passé et toutes ces choses que ceux qu’elle aime ont trop longtemps tués. Une odyssée intérieure qui la mènera jusqu’aux plateaux du Tibet et cet autre monde auquel elle aspire et qui la terrifie.
C’est de nouveau un livre soigné que nous proposent les éditions Delcourt, dans la forme et le fond. J’ai l’habitude de le dire pour chaque ouvrage mais à chaque fois, je remarque l’effort fait par cette maison d’édition pour nous offrir des ouvrages qui sont de très beaux objets, avec une superbe couverture, un papier de qualité et agréable. Et en même temps, elles frappent aussi toujours juste pour ce qui est de la découverte littéraire car ce sont aussi, toujours, des superbes écrits qui nous sont proposés.
Ici, l’ouvrage a une dimension poétique indéniable à laquelle se mêle un univers onirique nous dévoilant le portrait d’une jeune femme qui vient de perdre son mari, qui en profite pour faire une sorte de bilan de sa courte existence tout en cherchant ce qu’elle souhaite pour son futur. La souffrance qu’elle connaît ne vient pas tant de la mort de son époux mais plutôt de l’absence de tristesse qu’elle a face à cette mort et du soulagement de sortir de ce mariage dans lequel elle n’a au final que rarement trouvé de l’amour.
L’histoire dispose aussi d’une légère et subtile intrigue, plutôt intelligente, autour du dessin étrange trouvé autour du corps de son mari. Jia Jia va tenter de trouver une signification à ce dessin qui va la ramener à son histoire et son passé ainsi qu’à sa famille.
En mêlant le réel et le fantastique, et c’est là que l’on retrouve du Murakami dans cet ouvrage, Porc braisé dégage une ambiance captivante qui attrape le lecteur très vite pour l’emmener vers le Tibet (elle retourne là où son défunt mari était parti seul) au travers d’un voyage psychologique et géographique. Un voyage géographique qui nous permet aussi d’en apprendre sur les mœurs et la culture chinoise, sur sa société et sur sa vie citadine. On découvre enfin un nouveau monde, le monde de l’eau, un monde parallèle au nôtre que je vous laisse découvrir si vous avez envie de lire ce livre.
Alors voilà, Porc braisé est un très bel ouvrage qui nous parle d’une femme dans la société chinoise moderne, entre mythes et réalités. Les fans de Murakami devraient se retrouver dans la lecture de ce premier roman écrit par An Yu. |