Beethoven : Op. 109, 110, 111
(Aparté) septembre 2020
"Lorsque les premières mesures de l'Arietta (Adagio molto semplice e cantabile) retentissent, il devient manifeste que Beethoven interprète ici, contrairement à ce qu'il fait dans le final de la Cinquième Symphonie, le passage du sombre ut mineur au lumineux ut majeur comme un dernier pas qui mène de ce monde-ci dans l'au-delà. Le changement s'accomplit en cinq variations, qui équivalent chacune à un pas de plus dans ces régions que nous ne pouvons que soupçonner. Puis lorsque le thème enfin accueilli dans l'harmonie des sphères nous guide et nous éclaire tel une étoile, nous comprenons que Beethoven, dont l'oreille ne percevait plus aucun son terrestre, a été élu pour nous "faire entendre l'inouï"." W. Kempff
La sonate n°30 op.109 commence dans un torrent de notes puis rapidement devient presque méditative, comme si des ténèbres jaillit la lumière. Ces quelques mesures résument l’intensité, la force dramatique, la complexité et la densité de cette sonate, ou plutôt de ces sonates. Les trois dernières pour piano, composées dans un même élan, formant un tout et où Beethoven alors que sa surdité était presque totale, s'écarte de la sonate classique en prenant plus de liberté dans les structures, les mouvements, dans l’agencement de ces mouvements, dans l’écriture, dans les développements... Incarnation d’un génie, d’une incroyable modernité comme ces ruptures rythmiques dans l’arietta de la dernière sonate, dernier mouvement comme un adieu, "l'adieu à la sonate" comme l'a écrit Thomas Mann. Ici peut-être un peu trop lissée.
Fabrizio Chiovetta fait preuve de virtuosité, avec un jeu clair qu’appellent ces œuvres. Ses choix d’interprétation sont pleinement assumés. Il capte chaque ligne mélodique, chaque nuance, dose avec pertinence son énergie comme une transfiguration.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.