On pourrait expliquer le regain de chaleur des derniers jours par des explications très météorologiques, se perdre en conjecture sur le golf stream, des précipitations en baisse ou l'anti-cyclone des azores. Expliquer au lecteur que le réchauffement de la planète est dû à un rejet de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Bullshit.
Les initiés connaissent la vérité. Savent que Les choses en face de Joseph d'Anvers est la raison rationnelle de la réapparition du soleil sur nos têtes. Comme dans les flashs météos, il y a de la précipitation, des dépressions et des éclaircies chez ce bonhomme. Des rayons de soleil qui filtrent à travers les nuages.
Bien sûr, Les choses en face reste avant tout un album. Mais quel album ! Une lame de fond dans la production française, où quelques irréductibles persistent à produire des mélodies là où d'autres jouent des ritournelles insipides.
Qu'entendre finalement sur ce premier album ? Des ruptures acoustiques, des névroses violonnées, de l'espoir qui tourne en boucle sur la platine. A contretemps, premier titre et première claque ; une voix qui susurre à l'oreille des mots du quotidien, ses doutes, les déambulations sur les trottoirs parisiens. En dehors des passages cloutés. On pense à Dominique A pour l'âpreté, Daniel Darc pour le borderline, Bashung pour les arrangements luxueux. La ressemblance avec Bashung n'est à ce titre pas fortuite, puisque Jean-Louis Piérot (compagnon de route de Bashung sur Fantaisie Militaire) est à la console..
Oh certes, pas de distorsion ou peu, pas de mot en anglais et point de riff. Point de rock comme on l'entend d'habitude. Et pourtant, on retrouve la beauté du spleen présent chez Radiohead, Buckley et Elliott Smith. Une chose indicible qu'on appelle les sentiments et l'émotion, le genre de choses rare. Une rage rentrée et contenue, comme sur "La vie est une putain", en duo avec Miossec. Un abcès qui se crève une fois la nuit tombée. Une catharsis des passés sombres sur "Nos jours heureux", ballade ternaire au piano. Juste belle.
On pourrait longtemps disserter sur "Comme un souffle" ou "Paris s'allume sous mes pas", chansons de lumière laconiques. Resterait encore le secret impénétrable des mélodies qui durent, que l'auditeur cherche en vain à percer. Comme un dimanche pluvieux, seul sous les couettes à fumer en écoutant Les choses en face. |