Suite de la belle intégrale de musique de chambre avec piano de Brahms emmené par Geoffroy Couteau avec d’un côté les trois 3 quatuors avec piano et dans le volume 4 les deux sonates pour violoncelle et piano. Profondeur et puissance lyrique donc. Geoffroy Couteau est ici accompagné par le Quatuor Hermès et par le violoncelliste Raphaël Perraud.

On retrouve tout le génie de la musique de Brahms, ce débordement de musique, ce romantisme échevelé mêlé avec une certaine rigueur et qui trouve sa quintessence dans le Quatuor pour piano et cordes n°3 en ut mineur, op. 60, appelé également le "Quatuor Werther". Brahms a eu besoin de dix-neuf ans pour donner une édition définitive de ce quatuor, sans doute le plus libre, le plus intense, le plus profond et le plus intime des trois quatuors avec piano. Il faut dire que c’est à travers Werther, le personnage de Goethe le reflet de Brahms, de son amour impossible pour Clara Schumann.

Si l’on compare souvent le violoncelle à la voix humaine, il est l’instrument idéal pour exposer tout le lyrisme chantant, l’esprit du lied chez Brahms. La première sonate pour violoncelle et piano a été composée de 1862 à 1865 par un Brahms d’une trentaine d’années. Il a écrit la seconde sonate une vingtaine d’années plus tard. Un monde presque sépare les deux œuvres : naturel, fantaisie et succès pour la première, mélancolie et intériorité pour la seconde. Dans les deux cas, c’est un véritable dialogue entre les deux instruments que l’on retrouve dans ces deux œuvres passionnées, ardentes. Les deux instruments ont une importance équivalente et doivent faire jeu égal, s’équilibrer. L’écriture de Brahms met en valeur chaque instrument, selon également ses spécificités (la palette de timbres, la profondeur, la rondeur de son du violoncelle, la puissance véloce, les intonations du piano) et appelle aux musiciens de jouer de concorde.

C’est ici tout un monde intime et poétique, toute la subtilité entre sensibilité, lyrisme, chant et force de l’écriture de Brahms. Il y a cet équilibre des timbres, des nuances et des tourments, une irrésistible finesse musicale, un engagement total et une entente absolue.

Il y a comme une profonde évidence dans ces interprétions parfaitement maîtrisées, sereine dans leur virtuosité, jamais dans l’excès mais toujours dans une superbe justesse, où une lumière semble continuellement irradier. Décidément cette intégrale fera date.