Voilà un tout petit ouvrage de poche qui nous montre comment deux hommes peuvent se serrer les coudes pour réparer des femmes frappées par ce qu’il existe de plus inhumain.
Ces deux hommes, deux formidables chirurgiens sont Denis Mukwege, gynécologue qui dirige l’hôpital de Panzi en République démocratique du Congo. Spécialisé dans le soin des femmes victimes de violences sexuelles, il a reçu de nombreuses distinctions pour son travail dont le prix Nobel de la paix en 2018.
Guy-Bernard Cadière est professeur de chirurgie et chef de service de chirurgie digestive en Belgique. Depuis sa rencontre avec Denis Mukwege en 2011, il opère régulièrement à Panzi.
Ici, la réunion entre les deux ne s’est pas faite autour de bistouris mais toujours en utilisant leurs mains pour écrire, pour témoigner et en même temps lancer un cri d’alarme. Ils nous racontent leur quotidien au cœur de l’Afrique dans leur mission de reconstruire des femmes détruites par d’ignobles inhumains. En effet, la région du Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo est gangrénée par des bandes rivales armées depuis une vingtaine d’années. Pour asservir la population et exploiter les richesses minières, les oppresseurs ont trouvé une arme monstrueuse avec le viol et la mutilation génitale. Détruites, leurs victimes errent dans les ruines de villages ravagés. Les deux docteurs, eux, s’appliquent depuis des années à aider les femmes brisées à retrouver leur dignité.
C’est un livre qui nous plonge dans l’enfer de ce qu’il a de plus monstrueux. Ici, le terme de barbarie prend tout son sens et l’on s’étonne que l’être humain puisse se comporter ainsi à notre époque. Des passages de l’ouvrage sont particulièrement éprouvants pour ne pas dire quasi insoutenables.
Les auteurs nous témoignent de ce qu’il rencontre, de la situation actuelle de la République démocratique du Congo, un pays qui regorge de richesses et qui pourtant a une population qui vit dans une immense pauvreté. On découvre le parcours qui les amenait à réparer ses femmes, les techniques qu’ils utilisent pour les soigner, les difficultés qu’ils rencontrent et les grands traumatismes que vivent les femmes qu’ils doivent soigner.
Le combat qu’il mène est la preuve qu’il existe encore des médecins qui font passer la vie des autres en premier. Des chirurgiens qui ne se limitent pas à réparer le physique, qui cherchent à assurer un suivi psychologique des patientes pour qu’elles reprennent goût à la vie. Il est question d’amour aussi dans ce livre, les deux médecins en ont à revendre et les femmes victimes aimeraient en trouver.
C’est donc un livre particulièrement fort que nous proposent les deux médecins, un livre qui dénonce l’inaction du gouvernement de la République démocratique du Congo et la relative indifférence du monde à l’égard de ce qui se passe pour ces femmes victimes. L’ouvrage se termine par le discours fait par le Docteur Mukwege, lorsqu’il a reçu le prix Nobel de la paix, résume un peu tout cela, un discours militant appelant le monde à réagir. |