David L. Carlson & Landis Blair
(Editions Sonatine) août 2020
Les éditions Sonatine que je connais très bien pour leurs publications de thrillers et autres polars toujours de grande qualité ont eu l’idée cette année de nous proposer un roman graphique avec la parution du superbe L’accident de chasse.
C’est donc un roman d’un peu plus de 500 pages, dans une édition particulièrement soignée et dans un format carré particulièrement original, que nous proposent les éditions Sonatine. Un roman tout en noir et blanc tiré d’une histoire vraie, ce que l’on apprend à la fin de l’ouvrage. David L. Carson et Landis Blair nous racontent une histoire assez incroyable autour d’un personnage principal, Matt Rizzo, dont le narrateur est le fils, un certain Charlie (qui a donc bien existé).
L’histoire se passe à Chicago en 1959. Charlie vient de perdre sa mère et se retrouve à retourner vivre chez son père. Charlie croit tout connaître de son père aveugle qu’il admire. Son père écrit sur des poètes et des auteurs que lui ne comprend pas, comme Dante et Virgile. Il l’aide cependant à relire ses écrits sur Shakespeare, Homère et Whitman. Pour lui, son père est devenu aveugle suite à un accident de chasse.
Charlie passe son adolescence dans le quartier Little Italy au milieu de la mafia locale. Très vite, il se rebelle, commence à commettre des petits larcins puis commet des cambriolages. Il se fait arrêter lorsque la police débarque chez lui et cela rappelle de mauvais souvenirs à son père qui doit lui avouer qu’il est devenu aveugle suite à un braquage qui a mal tourné. C’est à partir de ce moment là que l’histoire débute véritablement.
Le cœur de l’ouvrage porte sur l’incarcération de Matt, sur sa rencontre en cellule avec un certain Leopold Nathan (qui a aussi existé) qui a commis un crime épouvantable dans les années 20. Matt et Leopold vont se lier d’amitié, s’aider mutuellement, Matt va notamment apprendre le braille pendant son incarcération.
L’ouvrage va nous raconter l’histoire de cet enfermement qui va lui donner le goût des mots, de la lecture et de l’écriture. Matt voulait se suicider en montant en haut de la prison pour se jeter dans le vide. Léopold va l’en empêcher en lui donnant des livres à lire et en lui disant qu’il pourra le faire quand il aura terminé sa lecture. Il lui propose de lire L’enfer de Dante, un ouvrage qui aura des échos sur sa propre situation et un ouvrage qui fait partie d’une œuvre appelée La divine comédie.
L’ouvrage est magnifique et le terme roman graphique prend toute sa dimension avec ce livre qui nous raconte une histoire digne d’un excellent roman servie par une graphie majestueuse toute en noir et blanc qui fait alterner des pages avec plusieurs vignettes, des pages sans textes terriblement explicites, des pleines pages grandioses avec un dessinateur qui joue sur les gros plans pour donner différentes dimensions au récit qu’il raconte.
L’accident de chasse n’est donc pas un ouvrage qui va nous parler de la chasse. Il est le récit d’une chute et d’une rédemption, un ouvrage qui fait la part belle à la littérature, particulièrement à l’œuvre de Dante mais aussi un ouvrage sur l’amour entre un père et un fils. En prison, l’ouvrage nous montre comment Matt et Léopold vont utiliser la littérature et la philosophie pour aider les détenus à s’évader intellectuellement.
L’accident de chasse est donc un superbe ouvrage aussi bien dans la forme que dans le fond. Les thèmes qu’il brasse le sont avec brio, qu’il parle des rapports filiaux ou de la transmission des connaissances mais aussi de la culpabilité ou du dépassement de la cécité par l’art. L’ouvrage dispose d’une richesse incroyable que je vous invite fortement à aller découvrir.
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