Non, je ne vais pas vous parler de l'album du même nom de Mike Patton (mais c'est à écouter, c'est un classique). Je ne vais pas non plus parler de ce groupe d'électropop italien qui partage le même patronyme (mais c'est à écouter, c'est amusant). Enfin, je ne vous parlerai pas davantage de Mondo Cane (traduit en français par Chienne de vie), célèbre docu-fiction voyeuriste de 1962 qui envoyait à la face des occidentaux bien dans leur peau quelques claques dans la gueule sur le reste du monde (et dont la BO est signée Riz Ortolani et Nino Oliviero et vaut aussi l'écoute, et ça devrait plaisir à notre ami Sy! à n'en pas douter).
Non, je vais vous parler du nouveau projet de Rabih Gebeile, Mondo Cane, dont le titre est tout de même un hommage au film sus cité. La boucle est bouclée et le ton est donné. Rabih envoie à la face du monde son constat sur la société actuelle et ses injustices.
Rabih est franco-libanais et c'est dans un contexte de confinement, suivi des évènements multiples et dramatiques au Liban que cet EP est né. Voilà pour le contexte.
Mondo Cane, malgré son nom italien, est aussi la première incursion de Rabih Gebeile dans le monde de la "chanson française". Ses projets précédents évoluant dans la langue de Shakespeare (nous vous avions parlé notamment il y a quelques années de l'excellent Murmuration que je vous invite à découvrir si vous étiez passé à coté ou encore son projet précédent Backbone Party, et l'album Beirutopia).
Bref, Mondo Cane est là pour qu'on l'écoute, mais aussi pour qu'on l'entende. Ecrit et produit pendant le confinement de mars à mai 2020 (oui, on ne sait jamais, ce fut une première mais peut-être pas une dernière, autant le dater), ce EP de 5 titres porte bien son nom : Ce qui suit... Les politiques parlent souvent de nouveau normal... Tout est dit.
Mais avant de parler de ce qui nous attend, Mondo Cane fait un triste état des lieux de notre monde actuel. L'avenir sera-t-il plus brillant ? "Ce qui suit" n'ambitionne pas d'y répondre mais tout cela ne tient au final qu'à nous tous.
"Ce qui suit va vous étonner" chante-t-il... A n'en pas douter en effet. Loin du "c'était mieux avant" cependant, Rabih tire un bilan des derniers évènements qui ont marqué notre société. En France et au Liban bien sûr (la pochette représente d'ailleurs les silos du port de Beyrouth avec l'explosion survenue en aout 2020) mais le constat est mondial. Confinement, manifestations, catastrophes industrielles, violences policières, société de consommation ou réseaux sociaux, tout y passe.
Au travers de l'électro pop assez sombre, les mots en français, bien choisis, sauront se faire un chemin au travers votre esprit, portés par la voix grave et étrangement apaisante de Rabih Gebeile. Nul besoin de hurler quand on peut murmurer. Décidément. Et bien que nous ne soyons pas sur un terrain type crooner mielleux, comment ne pas être sous le charme du chant notamment sur "Le phare du bout du monde" ou "A la racine".
Je ne peux pas dire à sa place si en passant par le français Rabih a trouvé sa voix (ou sa voie) mais une chose est certaine, on est heureux qu'il ait franchi le cap avec ces 5 titres qui en appellent, je l'espère, quelques autres.
Un EP sombre mais pas désespéré, et surtout hautement recommandable, à acheter sur Bandcamp sans plus attendre.
En bonus un clip de confinement collectif. Une reprise de Niagara, "Pendant que les champs brulent" qui résume assez bien tout ce qui est dit dans Ce qui suit.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.