Commençons par quelques faits : Trip est le quinzième album de Lambchop, 26 années après le premier, et son fondateur Kurt Wagner, 61 ans, chrysalide son groupe d’un album à l’autre avec un savoir-faire que peu de ses homologues maîtrisent.
Le style Lambchop, c’est l’hybridation. Un peu country spatiale, un peu soul en 33 tours, plus récemment hérissée par de l’électronique savamment dosée, la musique de Kurt Wagner et sa bande tient plus du surréalisme ou de l’impressionnisme que d’un style musical bien arrêté. Bon, j’aurais pu faire plus simple en disant que Lambchop est un groupe américain intelligent.
Trip est un album de reprises, où chacun des musiciens de Lambchop a proposé une chanson. A l’origine, Wagner a décidé de se lancer dans ce projet plutôt que dans une longue tournée, et au vu des évènements qui ont suivi, il a été inspiré.
Le "Golden lady" de Stevie Wonder glisse chez Lambchop sur un territoire bizarre où la country serait naturellement accompagnée par des pulsations au charleston électro. Chez Philip K Dick Rivers, quoi. "Shirley", composée à l’origine par Mirrors, révèle les fantômes de l’autre côté du miroir pop psychédélique : Alice au pays de la pedal steel.
Avec "Reservations", une chanson de Wilco, Lambchop entre à l’intérieur du piano et découvre dans le même temps la beauté et la monstruosité du monde. A l’instar de Sylvia Plath, qui mettait de la poésie dans sa prose, Lambchop joue en live depuis la frontière avec la quatrième dimension.
Souvenez-vous du clip de "New York I love you but you’re bringing me down" de LCD Soundsystem : avec sa version de "Weather blues" (une inédite de Yo La Tengo), Lambchop donne la même impression d’une chanson douce et sérieuse chantée par Kermit : c’est d’une tristesse insondable, mais curieusement, ça fait un bien fou.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.