May Our Chambers Be Full
(Sacred Bones Records) octobre 2020
Présentation rapide des deux protagonistes :
Emma Ruth Rundle est une chanteuse et guitariste américaine originaire de Los Angeles qui a sorti trois albums allant du folk introspectif écorché vers le post-rock. On peut trouver dans son œuvre des similitudes avec certains albums de la gothique Chelsea Wolfe dont elle a d’ailleurs déjà fait la première partie et qui est sur le même label (Sargent House). Ces deux artistes présentent également le point commun d’être très appréciées par le public metal. Le côté émotionnel qui doit jouer (et oui le métalleux reste un être très sensible).
Thou, groupe ultra prolifique en provenance de Bâton Rouge en Louisiane a, quant à lui, un style assez inclassable, rangé dans la catégorie sludge (sous genre du metal aux frontières du doom, du hardcore et du stoner) mais qui tend parfois vers du metal extrême notamment avec les hurlements de son chanteur Bryan Funck.
Leur collaboration est née d’une invitation de l’organisateur du Roadburn Festival (festival metal néerlandais), Walter Hoeijmakers et d'un amour partagé pour leurs travaux respectifs.
On peut dire que ton est donné dès l’ouverture de l’album avec "Killing Floor" : un riff bien lourd au service de la voix aérienne et fragile d’Emma Ruth Rundle et du cri primal du chanteur de Thou. Le mariage avec les deux univers est parfait. On retrouve un peu le travail qu’avait fait Julie Christmas avec Cult of Luna sur leur album commun Mariner (2016).
Après une si belle entrée en matière, on bascule avec "Monolith" sur un son grunge digne des années 90’s au format classique de 3 minutes 30. On pense à du Alice in Chains. "Out of existence" reste dans la même veine. Cette inspiration grunge est assez logique lorsque l’on repense à Blessings Of The Highest Order, disque de reprises de Nirvana par Thou (2020).
Sur les titres suivants, on retrouve de manière plus significative cette alliance entre fragilité et hurlements dans un climat doom notamment sur le très extrême "Magickal Cost".
May Our Chambers Be Full se clôture avec le somptueux "The Valley", titre d’une durée de 8 minutes 58 qui ne reflète pas vraiment le disque mais en constitue toutefois le sommet : un son post-rock avec un violon qui se balade, une voix mélancolique et un chant féroce.
En résumé, cet album présente un large panel émotionnel : mélodique, mélancolique, lourd, brutal, atmosphérique. Le tout illustré par une belle pochette très intrigante de Craig Mulcahy, photographe de la Nouvelle Orléans. Une réussite !
Décidémment ce mois de janvier est bien triste pour la culture. Marianne Faithfull a tiré sa révérence et c'est encore un peu de tristesse qui s'ajoute à celle plus globale d'un monde tordu. Il reste la culture pour se changer les lidées. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !