Comédie dramatique de Pauline Susini et Guillaume Mazeau, mise en scène de Pauline Susini, avec Sara Amrous, Kristina Chaumont, Margaux Grilleau, Baptiste Raillard, Célia Rosich et en alternance Olivier Desautel et Hector Manuel.
Pour leur première création en commun, Pauline Susini et Guillaume Mazeau ont décidé de s'attaquer à la douloureuse question des violences faites aux femmes par leurs conjoints.
Après un long processus de gestation commencé en 2015, leur travail intitulé "Des Vies Sauvages" est arrivé à maturité et par conséquent à l'étape de sa présentation publique.
Les deux auteurs ont adopté le parti-pris de mélanger "théâtre documentaire" et fiction.
Si l'on suit les différentes étapes qui conduisent Maxime (Margaux Grilleau), une jeune femme qui travaille dans une agence de voyage, à être une victime de ce qu'on appelle désormais un "féminicide", on est aussi plongé dans son quotidien et celui de ses amis.
Quotidien de pré-trentenaires qui travaillent pour la plupart dans la galerie marchande d'un de ces centres commerciaux bâtis au siècle dernier, et souvent fort mal en point dans des villes moyennes pas au mieux économiquement.
Cette difficulté sociale générale n'est évidemment pas propice pour "ouvrir les yeux" de ses proches sur ce qui arrive à Maxime et crée un climat assez pesant, reflet d'un monde de plus en plus individualise.
Jamais on ne verra ce prédateur qui tient la jeune femme sous sa coupe, qui lui fait peur mais qu'elle a aimé ou cru aimer au point d'annihiler les bonnes volontés de ceux qui voulaient l'aider.
Dans la partie documentaire, on verra ainsi ses voisins entre lâcheté et découragement, ainsi qu'une scène au commissariat où, logiquement, elle n'ira, pas jusqu'au dépôt de plainte.
Chacun des comédiens est ainsi à la fois un personnage proche de la victime et peut aussi prendre la forme d'un témoin, de quelqu'un qui a croisé sa route.
L'alternance des scènes de la vie de Maxime, qu'on pourrait qualifier de stations qui la mènent à son supplice, avec celles où l'on suit le processus commun à tous les féminicides, est plutôt réussie.
Peut-être quelques saynètes pourraient être supprimées, comme celle où l'une des comédiennes anime une sorte de "Perdu de vue", et d'autres plus développées comme celle où la mère du bourreau de Maxime découvre qui est vraiment son fils, mais dans l'ensemble, la mise en scène des auteurs permet de traiter le sujet et surtout de mettre en valeur les sept jeunes acteurs.
Placés par Anne Lezervant, la scénographe, dans une "espèce de jeu de l'oie", où l'on va du bureau de Maxime au "confessionnal" où les témoins ajoutent les uns après les autres des éléments du puzzle de "l'affaire Maxime", on les sent heureux d'être en scène et de pouvoir défendre le texte de Pauline Susini et Guillaume Mazeau.
Kristina Chaumont, Sara Amrous, Baptiste Raillard, Célia Rosich, Olivier Dessautel et Hector Manuel font bloc autour de Margaux Grilleau dans un spectacle prometteur, qui reste constamment juste sur son sujet.
Ni donneur de leçons, ni larmoyant, "Des Vies Sauvages" est un spectacle qui mérite de prendre enfin son envol. |