Je continue ma rentrée littéraire de janvier 2021 avec les éditions Buchet-Chastel et leur deuxième publication. Après l’humour de J. M. Erre et son formidable ouvrage, me voilà lancé dans un univers totalement opposé avec un court ouvrage particulièrement noir écrit par un auteur que je découvre au passage, un certain Hervé Bougel. Belladone, son dernier ouvrage de 125 pages, que j’ai lu d’une traite, nous embarque à la fin des années 60 au début de l’été, dans une ville morne des Alpes. Une montagne surplombe l’agglomération avec à son sommet une énorme statue de la vierge qui surveille toute la vallée.
Un petit garçon observe sa famille et s’interroge. Il a un père qui avale régulièrement tous ses cachets de belladone et une mère particulièrement autoritaire. Une mère qui se préoccupe peu de son mari, c’est un euphémisme. Son frère, lui, est ce que l’on peut appeler une véritable brute quand sa petite sœur, elle, est réduite au silence.
Ce petit garçon d’à peine dix ans va nous livrer sa vie pleine de tourments auprès de sa famille particulière sur une semaine du 24 juin au 1er juillet. Avec au fond de lui l’envie de se séparer de ses encombrants bagages, de cette famille mal-aimante. Mais comment s’échapper de cet univers si étouffant ? Par où fuir ? C’est toute l’histoire de ce roman, racontée à la première personne, avec les yeux et les mots d’un enfant, ce qui rend très émouvant le récit.
Son quotidien, c’est le poulet aux olives et sa purée maison le dimanche à midi mais aussi une maison qui n’est pas belle, qui n’est pas propre et bien rangée. Et surtout une mère pour qui la devise est "la vie, c’est un plat de merde à manger à la petite cuillère. Un plat de merde, et tout le monde en a sa part".
Il se dégage une grande sensibilité de ce court texte noir qui nous raconte quelques jours de la vie de ce jeune gamin. On a envie au fil des pages de le sortir de cet univers sombre, de lui apporter le bonheur qu’il n’a pas mais qu’il recherche. On imagine le quotidien de nombreux enfants comme lui qui n’ont pas la chance de pouvoir vivre dans une cellule familiale sécurisée et aimante que devraient avoir tous les enfants aujourd’hui.
Alors voilà, c’est donc un très bel ouvrage sur l’enfance que nous propose l’auteur, une enfance dont il agite les ombres et explore les chemins. Un texte subtil qui ne pourra pas vous laisser indifférent. |