Récemment l’écrivain Emmanuel Carrère donnait sur Inter dans l’émission Remède contre la mélancolie les raisons pour lesquelles il aimait la chanson de Jacques Dutronc, "Il est 5 heures, Paris s’éveille". Il l’expliquait surtout par le solo improvisé du flûtiste Roger Bourdin et de l’élan ainsi apporté aux arrangements initiaux.

On a immédiatement pensé à cette émission à l’écoute de cet album de Joce Mienniel.

Joce Mienniel est en effet un flûtiste classique de formation, saxophoniste, compositeur, producteur, arrangeur. Premier Prix de Jazz à l'unanimité et avec les félicitations du jury du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris en 2004. Il a collaboré avec des artistes tels que Camille, Arno, Yael Naïm, Erik Truffaz, Perry Blake, Dominique A, Jeanne Added et Thomas de Pourquery.

Sur cet album composé de 13 titres, Joce Mienniel assure donc les flûtes, le Korg MS-20, kalimba et le chant. Mais il n’est pas seul. On ressent une cohérence de groupe. Il est ainsi accompagné au piano et à l’orgue par Vincent Lafont, à la guitare par Maxime Delpierre et à la batterie par Sebastien Brun.

The Dreamer est présenté comme un voyage sonore. Il est vrai qu’on s’est laissé totalement transporté par une atmosphère tantôt envoûtante parfois brutale sur des titres pour la plupart construits de manière progressive en plusieurs parties.

Il se permet même de revisiter (et pas simplement de reprendre facilement) de façon totalement insolite le "Money" des Pink Floyd. L’album se clôture également par une réinterprétation The Garden Becoming a Robe Room de Michael Nyman, tiré de la B.O du film Meurtre dans un jardin anglais de Peter Greenaway.

La prouesse de The Dreamer consiste donc à explorer différentes techniques de flûte en les associant à plusieurs courants musicaux. Les nombreuses collaborations de Joce Mienniel lui permettent de présenter un album audacieux d’une très grande hétérogénéité brassant un large prisme musical allant du jazz, de la musique cinématographique, la pop ou le rock. Une réussite.