"Now the real world is dying as everybody moves into the cloud"

Pour une surprise, c’est une belle surprise ! Parce que nous attendions Van Weezer (disque hommage au hard rock des 80’s, tout un programme…) et pas cet OK Human, un disque de cette qualité.

Weezer nous a souvent déçus mais il fait partie de ces groupes à qui nous pardonnons beaucoup ! Ne nous enflammons pas, ce disque n’est pas leur meilleur et il comporte son lot de chansons moyennes mais surtout il est d’un bien meilleur niveau général que, par hasard : Maladroit (2002), Teal (2019), Hurley (2010), Pacific Daydream (2017) sans atteindre naturellement Everything Will be alright in the end (1994) quoi que, Pinkerton (1996) ou The Blue album qui reste leur meilleur album. Si, si.

Alors cet OK Human ? Osons-le : moins de légèreté et plus dans une certaine "sophistication", entre de très gros guillemets, c’est Weezer pas The Notwist non plus. Ou plutôt une power pop (cette toujours efficacité mélodique) qui s’habille de sophistication, dans l’écriture, dans les mélodies et dans les arrangements.

Album de la maturité ? Ah ah ah. Bref Weezer ose l’acoustique, l’orchestre symphonique, les arrangements soignés (surtout de cordes), l’enregistrement dans les studios d’Abbey Road et même un certain lyrisme. Et cela fonctionne parfaitement : "All my favorite songs", "Aloo gobi", "Grapes of wrath", "Numbers", "Playing my piano" et même "Mirror image", quel enchaînement quand même ! (justement les morceaux semblent s’enchaîner attacca), même si la suite n’est pas tout à fait du même calibre. Comme quoi Rivers Cuomo en a encore sous la moustache !

Sinon Weezer aborde avec ironie le thème de l’isolement, période oblige, et surtout le rapport que nous entretenons avec les ordinateurs et les technologies virtuelles (l’obsession pour les écrans ("Screens"), son aversion pour Zoom ("Playing the piano"). D’où le titre en référence au "OK Computer" de Radiohead ou "Numbers" à Kraftwerk. Des influences musicales également : les Beatles surtout, que cela soit dans les arrangements (les cordes, la trompette dans "All my favorite songs") ou dans la construction harmonique (flagrant dans "Dead roses"), Elton John aussi... Un aussi bon disque de Weezer, nous n’en rêvions plus, alors ne boudons pas notre plaisir !