Il n’est pas une année sans la parution d’un nouvel ouvrage du prolifique auteur islandais qu’est Arnaldur Indriðason et c’est à chaque fois un immense plaisir que celui de le retrouver. Avec son dernier ouvrage, l’auteur vient clore une trilogie débutée en 2019 avec Ce que savait la nuit et continuée avec Les fantômes de Reykjavik en 2020.
Cette trilogie était l’occasion pour l’auteur de mettre en place un nouvel enquêteur, un certain Konrad, un homme au passé et à l’enfance troublés. Les deux premiers ouvrages de cette trilogie étaient excellents et le troisième, La pierre du remords est dans la lignée. On a de nouveau à faire à du grand Arnaldur Indriðason, qui continue de nous éblouir par ses intrigues tout en continuant à nous dresser une réflexion intelligente sur la société islandaise.
Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de Konrad, ancien policier. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’avait contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde cinquante auparavant, et qu’elle avait abandonné juste après sa naissance.
Konrad s’emploie alors à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père. En retrouvant l’enfant, il va mesurer l’ampleur de la tragédie dans laquelle son intuition et son entêtement l’ont plongé. Il se révèle alors être un enquêteur sensible à la souffrance des autres, d’une humanité touchante.
Le passé et le présent sont au cœur de ce roman, qu’ils concernent Konrad (toujours à la recherche de la vérité concernant la mort de son père) ou la femme assassinée qui recherchait son enfant. De ce passé et ce présent omniprésents, l’auteur croise donc trois enquêtes de manières habiles, celle de la dame assassinée, celle de la recherche de son enfant et celle de l’assassinat de son père. Il en profite toujours pour donner une dimension sociale à ses écrits, n’oubliant pas d’égratigner son pays quand il le faut en insistant bien sur ses nombreux maux.
Les chapitres sont toujours courts, marqués par un rythme dense donnée à la lecture, certaines des trois enquêtes se recoupent, évidemment, mais avec néanmoins des surprises, les indices dévoilés ne nous menant pas toujours vers celui qu’on penserait. Une fois encore l’ouvrage d’Arnaldur Indriðason est bluffant de par sa construction particulièrement habile et haletante.
Cet ouvrage ne se lit pas, il se dévore. Lu en à peine deux jours, il est difficile de le lâcher tant il vous prend aux tripes. La pierre du remords est donc un roman captivant et impitoyable sur la honte, le désespoir et l’intensité des remords qui reviennent nous hanter. |