Autant le dire tout de suite pour les non-initiés, Bareback fait référence aux relations sexuelles sans préservatif, prônées notamment dans certains milieux gay. Voilà, le décor est planté ! On sait donc à quoi s’attendre.
Tout au long de ses 9 titres, entre post-punk et new-wave, réalisés par Frédéric Lo, comparse de longue date du regretté Daniel Darc, Bareback nous plonge dans un univers sombre, et familier pour qui aime… Daniel Darc. D’ailleurs, Acquin revendique une filiation entre son album et Crèvecœur, album de Darc, réalisé par Lo en 2004.
Musicalement, Acquin, pianiste à la solide formation classique, fait l’étalage de son talent. Entre les notes glaçantes et robotiques des synthés, les guitares électriques discrètes mais salvatrices, les lignes de basses dévastatrices et les beats de batterie léthargiques (et parfois un peu kitch), chaque titre nous pousse un peu plus dans un sous-sol sinistre et louche, moite et brumeux dont on imagine sans difficulté les odeurs de soufre, de sueur et de sexe. Vous le sentez ce souffle chaud dans votre nuque ?
Acquin nous tient en haleine dans des titres tout en rupture ou nous met en transe dans des ambiances de boîte de nuit glauque. C’est construit et intelligent, mais parfois attendu comme toute démonstration de style, avec malgré tout une mention particulière pour les chansons "Berceau", "Bar", "Parallèle" et "X-in", qui apportent un peu de lumière - certes de type néon blafard, mais lumière quand même - et justifient à elles seules l’achat de l’album ! À signaler aussi les pulsations dansantes de "Gender bender", "Mieux" et "Homme" qui donnent à l’ensemble de l’album un rythme singulier.
Pour ce qui est du texte, nous étions prévenu(e)s, ça tourne autour du sexe. Du sexe glauque, du sexe déviant, du sexe barré. Du coup, le propos est un peu limité et on a l’impression assez rapidement que ça tourne en rond. On peut néanmoins reconnaître à Acquin un vrai sens de la narration et une habileté à façonner des scènes, des pensées ou des ambiances avec peu de mots, mais des mots percutants et efficaces comme des coups de fouet.
Le texte est dit plus que chanté, d’une voix grave et monocorde. Acquin prend un malin plaisir à nous susurrer à l’oreille ses obsessions lubriques sur tous les titres et à toutes les sauces, parfois de façon bien sentie quand il tente un semblant de chant mais pénible quand il force le trait et tombe dans une diction gutturale et maniérée. Oui, le souffle chaud dans la nuque, c’était lui. On aime ou on s’agace, mais on lui reconnaîtra ce talent de ne laisser personne indifférent.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.