Histoire de Phèdre en chansons, conception et mise en scène de Cécile Garcia Fogel, avec Cécile Garcia Fogel, Mélanie Menu et Ivan Quintero.
Le dernier mot prononcé dans "Trézène Mélodies" est "pureté". Un mot qui caractérise bien ce pur moment de grâce, cette échappée sans heurts dans un monde mythique où tout n'est que récit chanté délicatement. En mariant leurs deux voix à la guitare d'Ivan Quintero pour conter l'histoire de Phèdre avec des fragments de la tragédie de Jean Racine et des extraits de poèmes de Yannis Ritsos, Cécile Garcia Fogel et Mélanie Menu, ont trouvé la forme idéale pour emmener leurs spectateurs dans un ailleurs parcouru par une histoire qu'ils connaissent déjà pour la plupart dans la grandiloquence d'une œuvre classique. Ici, Cécile Garcia Fogel, à la fois metteuse en scène et metteuse en voix, a choisi que les deux récitantes chantonnent plus qu'elles ne cherchent la prouesse vocale. Si elles sont expressives, elles ne sont pas démonstratives. Elles pourraient même chanter a capella, la guitare étant surtout un écho renvoyant leurs propos. Le mariage du texte de Racine, dont Cécile Garcia Fogel prend à la fois quelques "morceaux de bravoure" et des passages moins connus, avec la poésie contemporaine, de plus provenant d'un poète grec, est particulièrement réussi. On est emporté tout de suite par cette belle fusion d'une langue en vers et d'une prose traduite du grec moderne. Pas la peine de rappeler les liens entre Phèdre, Hippolyte et Thésée, les deux aèdes d'aujourd'hui déploient toute leur douceur pour redonner sens à cet imbroglio qui paraît parois forcé chez Racine. Ce qu'elles rapportent de Trézène où se déroule l'action est un terrible enchaînement de faits qui tient de l'anecdote mais touche à l'universel parce que les passions humaines, et d'abord l'amour à la limite de tous les paradoxes, comme bien entendu la haine, y sont soulignées pour expliquer ce que vivre veut dire. On reste longtemps sous le charme de cette leçon assénée sans être trop appuyée. |