Une fraternité brisée dans un monde post-apocalyptique envahi par des monstres gigantesques : c’est ce que nous proposent les frères Valderrama dans Giants.
En un peu moins d’un an d’existence, la collection Urban Link des éditions Urban Comics a su convaincre les lecteurs et se faire une bonne place sur les étagères comics de nos librairies préférées.
Après l’immense coup de cœur qu’avait été pour moi Middlewest dans la même collection, je me suis penchée sur le cas de Giants : Brotherhood, le premier comics signé par les frères Valderrama : Miguel à l’illustration et aux couleurs et Carlos au scénario et pour une première, je dirais volontiers que c’est un succès.
Giants est un récit post-apocalyptique dans lequel les humains sont contraints de vivre reclus sous terre, s’organisant en gang rivaux dans lesquels chacun lutte pour sa survie dans une course à l’ambrenoir, une substance très recherchée, sécrétée par les monstres qui ont envahi la surface.
Au milieu de tout ce chaos, Zedo et Gogi partagent ce genre de lien unique qui brouille la frontière entre amitié et fraternité. Depuis des années, ils survivent ensemble et tentent d’intégrer le gang des Blood Wolves pour s’assurer une certaine protection. Tout bascule le jour où ils sont envoyés à la surface pour chercher de l’ambrenoir et qu’ils se trouvent séparés alors qu’ils tentent de fuir un Géant.
Derrière un comics au style très jeune et moderne, Giants est un hommage assez peu dissimulé au genre du kaij?-eiga, ces films japonais mettant en scène des monstres gigantesques dont le représentant le plus célèbre est Gozilla, qui ont bercé l’enfance des frères Valderrama.
A travers deux personnages principaux aux traits volontairement enfantins, ils nous livrent une histoire d’amitié-fraternité qui, bien que relativement classique, permet une évolution intéressante de Gogi et Zedo qui s’affirment et deviennent plus adultes au fil du récit alors qu’ils sont confrontés à la problématique la plus élémentaire de toutes : survivre.
Outre la relation entre nos deux héros, Carlos et Miguel Valderrama plantent un décor riche et des personnages intéressants et touchants que j’aurais adoré voir plus développés, tout comme le reste de leur univers post-apocalyptique entre société souterraine et vestiges de notre civilisation piégés dans un hiver permanent. Giants est un récit immersif qui mélange habillement les codes du comics et ceux du sh?nen pour créer à partir d’éléments assez classiques une œuvre bien menée au rythme haletant.
Je tiens d’ailleurs à mentionner les dernières pages du comics sur lesquelles figurent des croquis accompagnés d’explications sur les character designs qui sont très intéressantes et permettent de creuser d’avantage et de comprendre mieux la démarche des auteurs qui, bien qu’ayant nourri leur travail de références à leurs influences, ont tenu à conserver leur singularité.
Giants : Brotherhood est un récit complet en un seul volume dont l’efficacité est indéniable. Cependant, avec tout le potentiel que représente l’univers de Miguel et Carlos Valderrama, j’aurais aimé que le comics soit plus long et puisse répondre à mes interrogations concernant l’origine de la relation entre les deux protagonistes principaux ou l’organisation de la vie souterraine et des gangs pour ne citer que cela.
Pour leur premier et leur plus ambitieux projet commun jusqu’à présent, les Valderrama Bros. ont réussi à créer un ouvrage de qualité en réadaptant des codes classiques de différents genres auxquels ils rendent hommage à travers leur travail et à se les approprier avec brio dans un comics addictif qu’il est difficile de lâcher avant la dernière page. |