Deux raisons de posséder ce disque : pour le fond comme pour la forme. Pour le superbe label The Lost Recordings comme pour cette magnifique chanteuse. Cela fait beaucoup de superlatifs mais c’est mérité.
Le label The Lost Recordings c’est une histoire de passionnés à la recherche d’excellence. Une excellence dans le choix des enregistrements rares ou inédits (Art Blakey Live in Scheveningen 1958, Emil Gilels The Unreleased Recital at the Concertgebouw 1976, Dizzy Gillespie Live at Singer Concert Hall 1973, Thelonious Monk Live in Rotterdam 1967...), dans la restauration (avec le Phoenix Mastering, procédé unique en son genre) de ces enregistrements, dans l’objet proposé (CD, téléchargement HD, édition vinyle 180g limitée à 2000 exemplaires et même laque !).
1969. Année érotique. C’est aussi la guerre du Vietnam. C’est une Sarah Vaughan dans le creux de la vague qui donne un double récital le même jour ce 9 novembre à la Philharmonie de Berlin dans le cadre d’un Berliner Jazztage. C’est avec une formation resserrée : piano (Johnny Veith), contrebasse (Gus Mancuso), batterie (Eddy Pucci) que "The Divine" monte sur scène. Une presque mise à nue qui lui convient parfaitement, les trois musiciens lui sont un parfait soutien (ne reste que l’essentiel : le squelette rythmique, le corps harmonique pour accompagner l’âme chantante) et qui crée une véritable atmosphère intime. Il y a une intensité tout en sobriété, une sensibilité. Ces sentiments, ces vibrations que l’on retrouve dans sa voix, ce sont les larmes d’une femme mélancolique, triste et seule dans Berlin. Il n’y pas de filtre entre son cœur, son âme et sa voix. Ce qui explique un répertoire focalisé plutôt sur des ballades mélancoliques. Et puis il y a ce sens du rythme, ce swing, cette voix, cette souplesse, cette classe, cette amplitude, cette profondeur. Superbe. |