Voilà une collection publiée chez Robert Laffont que j’ai connue grâce à Nathalie qui nous a parlé récemment d’un ouvrage de cette collection Pavillons littérature étrangère lors d’une mare aux grenouilles, l’émission culturelle de la chaîne Twitch qui a lieu tous les quinze jours, le samedi à 18h.
Je me suis donc lancé dans l’une des nouvelles publications de cette collection à la découverte d’un auteur que je ne connaissais pas, un certain Benjamin Wood avec son ouvrage, Sur la route, vers ailleurs, qui nous propose une lecture loin d’être de tout repos.
Benjamin Wood fait partie de ces jeunes auteurs quadra anglais qui sont considérés comme les meilleurs de leur génération en Angleterre. Londonien, il a connu le succès avec son premier roman, Le complexe d’Eden Bellwether, recevant des prix en France et outre-Manche. Après L’écliptique, son nouveau roman Sur la route, vers ailleurs confirme son talent d’écrivain et son talent pour nous remuer les tripes.
L’histoire se déroule au milieu des années 90. Le jeune Daniel Hardesty et son père Fran qu’il n’a pas vu beaucoup depuis que ses parents se sont séparés, prennent la route pour le Nord de l’Angleterre. Fran travaille sur les décors, d’une série L’artifex dont son fils est fan. Il lui a donc promis de lui faire visiter les studios à Leeds pour profiter de road trip qui représente pour lui une chance de resserrer les liens avec son fils.
Plus les kilomètres défilent, plus les mensonges et le désespoir de Fran se dévoilent au grand jour, le poussant à des actes d’une violence inouïe. La tension est palpable dès le début et va monter crescendo pour atteindre son paroxysme lors d’une scène d’apothéose inoubliable.
Si vous aimez prendre une grande claque ou un énorme aller-retour au cours d’une lecture, ce livre est fait pour vous. On trouve tout dans ce roman fulgurant de Benjamin Wood. De l’intelligence à la beauté en passant par la tendresse concernant les liens entre un père et son fils vu sous l’angle d’un fils avec des années de recul.
Ecrit à la première personne, celle de Daniel plus âgé, avec un ton ambivalent, empathique et sans porter de jugement, même sur ce qui concerne son père, l’écriture de Benjamin fait mouche, faite de subtilité et de délicatesse pour mieux nous montrer comment un père peut développer sur son fils une emprise toxique.
Le roman tient sa force aussi du personnage du père, un être d’une immense perversité qui va faire du voyage de son fils un véritable cauchemar que celui-ci nous raconte avec la précision clinique de ses souvenirs.
Road trip puissant, le lecteur et le jeune Daniel reprennent leur souffle dans le livre grâce à des pages concernant l’un des héros de la série L’artifex adulé par l’enfant qui devient en quelque sorte une bulle d’oxygène.
Benjamin Wood aura donc été une belle découverte pour moi. Il est temps pour moi de m’intéresser à ses précédents ouvrages. |