Nouveau venu au catalogue de l’Olivier, David Thomas nous proposait en ce début de mois de mars un recueil de nouvelles plaisant au titre plutôt original, Seul entouré de chiens qui mordent. Auréolé d’un superbe bandeau qui nous montre l’intérêt du grand Jean-Paul Dubois pour cet auteur et cet ouvrage, le livre nous promet une vue imprenable sur la vie. Rien que cela.
Et en lisant ces nombreuses nouvelles qui font en moyenne deux pages, l’ouvrage nous dévoile une façon singulière de regarder le monde avec beaucoup de tendresse et d’ironie, sur des mots que l’on pourrait entendre derrière une porte, que l’on va chercher au cœur de l’intimité de tout un chacun.
Ces nouvelles, c’est aussi un éclat de rire dans une rue, une mauvaise nouvelle que l’on apprend par téléphone, une phrase anodine que l’on place dans une conversation, une phrase qu’au final on pourrait se souvenir toute sa vie, ce sont les mots des autres mais aussi le bruit qu’ils font.
Car oui, le cœur de ce livre, ce sont les autres, ceux qui nous entourent, ceux que l’on côtoie aux tables d’un café ou d’un restaurant (pas en ce moment évidemment), que nous croisons dans les rues, dans les transports en commun ou dans les magasins. Ce sont eux, les gens ordinaires, que David thomas prend soin de nous décrire pour mieux nous montrer leurs qualités, leurs failles, leurs contradictions, leur noirceur parfois mais aussi leur drôlerie.
Evidemment, pour que le livre et sa lecture fonctionnent, il faut maîtriser la brièveté, savoir trouver le mot juste, faire court et précis et donner naissance à des personnages inoubliables car évidemment tous les êtres ordinaires ne font d’eux des êtres inoubliables.
Le format, la nouvelle voire même plutôt la microfiction que l’on connaît aussi grâce à Régis Jauffret, est évidemment ouvert à toutes les digressions. "Les bibliothèques sont comme les empreintes digitales, il n’y en a pas deux identiques au monde" nous dit l’auteur dans une nouvelle qui nous permet de connaître les livres qu’il aime, rangés dans sa bibliothèque qui est pour lui son portrait intime.
La centaine de textes que nous propose l’auteur se lisent très vite, comme des petites pépites que l’on déguste, assaisonnées d’ironie, de mélancolie et de surprises. Ils nous permettent de constater que la vie est faite parfois de faits absurdes, de réactions bizarres, de moments insignifiants pour certains, importants pour d’autres. Les textes nous parlent du couple, du célibat aussi, de la paternité, de la vieillesse aussi et de grands auteurs, comme Bukowski, Miller ou Carver (un grand spécialiste aussi des textes courts).
Impressionnant par son écriture percutante, qui nous happe en quelques lignes, David Thomas confirme qu’il excelle dans la microfiction et qu’il est aussi un fin observateur de notre époque et de nos sociétés. Régalez-vous et allez piocher dans son dernier ouvrage des petites parenthèses de vie, insignifiantes souvent mais tellement enivrantes. |