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Interview  (Par téléphone)  avril 2021

Rendez-vous fut pris un après-midi avec Benjamin Fogel, éditeur et écrivain pour parler de la sortie de son nouveau roman publié aux éditions Rivages. Un moment bien sympa où l’on a pu parler de littérature, de musique, de cinéma et de jeux vidéo. De Michel Houellebecq à Cyberpunk en passant par Hervé Le Corre et Oasis, ce fut un réel moment de plaisir que de discuter avec cet auteur talentueux.

Pourrais-tu te présenter rapidement ?

Benjamin Fogel : Je suis Benjamin Fogel, je suis né en région parisienne et je suis le fondateur des éditions Playlist Society qui est une maison d’édition qui publie des essais culturels sur le cinéma, la musique et la littérature. Je suis également auteur chez Rivages de deux romans que sont La transparence selon Irina et Le silence selon Manon qui vient de sortir. Précédemment, j’avais déjà écrit et publié deux livres, un récit biographique qui s’appelle Le renoncement de Howard Devoto chez Le mot et le reste, un livre sur l’histoire du punk anglais et Swans et le dépassement de soi chez Playlist Society, un livre sur le groupe Swans, un groupe de noise américain dont je suis particulièrement fan.

J’ai lu ton précédent ouvrage, envoyé gentiment par les attachés de presse de chez Rivages que je remercie, un roman que j’avais beaucoup aimé. J’ai donc voulu me plonger dans le second Le silence selon Manon. Si j’ai bien compris, le projet que tu as est de faire trois livres ?

Benjamin Fogel : Tout à fait, le projet initial était d’imaginer un autre système politique que le capitalisme qui est le système de la transparence, un système qui implique plein de choses et plein d’évolutions à la fois dans les comportements sociaux et dans les prises de positions politiques. Le but est alors de raconter trois étapes dans ce système avec au centre La transparence selon Irina qui est le moment où l’on découvre le système et où on le suit, un préquel avec Le silence selon Manon qui raconte quel contexte socio-politique a amené à la création et au passage à la transparence et enfin un troisième tome où on retrouvera les personnages des deux autres livres qui se passe juste après la transparence selon Irina ; il sera, sans trop en dévoiler, une réflexion sur l’aboutissement que peut avoir le système de la transparence.

Le troisième tome est déjà écrit ?

Benjamin Fogel : Non pas encore, il est déjà pas mal structuré. Je sais déjà vers où je veux aller.

Tu avais écrit les deux premiers en même temps ?

Benjamin Fogel : Non non. J’ai vraiment écrit les deux premiers l’un après l’autre.

C’était donc voulu de faire le dernier sorti, le silence selon Manon comme un préquel du précédent ?

Benjamin Fogel : Oui, l’idée c’était un peu d’avoir un positionnement à la Star Wars. Je trouvais ça cool de présenter un monde complètement différent pour ensuite sortir un tome qui raconte comment on est arrivé à ce monde-là. C’est intéressant car du coup, on sent venir le glissement vers la transparence dans Manon et c’est intéressant de le raconter car on sait déjà sur quoi on va aboutir.

Maintenant rétrospectivement, je trouve que l’on peut vraiment commencer par Manon et lire Irina ensuite. Ça crée un truc que j’aime bien aussi, différent, qui, toute proportion gardée, me fait penser au passage de Mad Max à Mad Max 2. Dans Mad Max, on voit que le monde est complètement en train de changer, que les règles sont en train de disparaître mais on est encore dans un monde qui ressemble encore à notre monde contemporain et puis on arrive dans Mad Max 2 et là, c’est la sidération, c’est du post-apocalyptique complet.

J’aime bien donc ce truc de dire on commence par Manon, on arrive avec la notion de transparence qui se manifeste et on lit l’autre tome, qui se déroule 35 ans plus tard, dans un monde qui a complètement changé.

C’est malin aussi car si on n’a pas lu Irina, on peut se dire qu’on peut lire celui-ci pour ensuite lire Irina qui, il me semble sort ces jours-ci en poche ?

Benjamin Fogel : En effet, la transparence selon Irina est sorti le même jour dans une édition poche chez Rivages.

Dans la transparence selon Irina, cela parlait d’une société dans laquelle on ne pouvait pas se connecter sur un réseau social de façon anonyme. Dans le second ouvrage, que j’ai préféré au premier, on voit la confrontation, l’opposition entre deux groupes, les ultra Incels et les No straight Edge. Tu peux nous présenter rapidement sans trop spoiler ces deux groupes présents dans l’ouvrage ?

Benjamin Fogel : Les Incels c’est un mouvement qui existe aujourd’hui, très présent aux Etats-Unis où comme le présente le livre en introduction, il y a eu beaucoup de tueries qui ont découlé de ce mouvement. Les Incels, ce sont des célibataires involontaires, des hommes qui sont dans la souffrance du célibat et d’une impossibilité à séduire des femmes. Ils en ressentent une frustration et une haine pour la gent féminine qu’ils considèrent comme responsable de leur misère sexuelle.

Dans le livre, j’imagine une évolution de ce courant, un courant très présent aux USA que je fais vivre en France et j’imagine une nouvelle branche de ce courant avec les ultras Incels. Les Incels aujourd’hui sont en train de beaucoup évoluer car à force de détester "les mâles alpha" qui selon eux voleraient des femmes aux gens normaux, les Incels sont en train de se dire "comment pourraient-on se transformer pour séduire une femme" et cela passe par beaucoup de coaching, de techniques de drague, de la musculation, de la transformation de leur corps pour atteindre cet idéal "de mâle alpha" qui selon eux leur permettra de coucher avec plus de filles.

J’imagine donc que cette évolution va créer une scission chez les Incels car certains vont considérer qu’ils veulent être aimés pour ce qu’ils sont et pas être obligés de se transformer pour réussir à satisfaire ce qu’ils imaginent être les codes que les femmes attendent des hommes. C’est donc ça pour la partie masculiniste.

Pour la partie Néo Straight Edge, c’est un peu le même principe, je suis parti d’un mouvement qui existe déjà, un courant punk des années 80 venant des Etats-Unis lancé par le groupe Minor Threat. Le Straight Edge est un courant qui m’a toujours beaucoup intéressé qui mélange une musique hardcore assez violente et hyper dynamique dans laquelle je me retrouve beaucoup avec une philosophie de refuser les drogues, l’alcool, la cigarette et de ne pas avoir de relations sexuelles en dehors d’un contexte amoureux, d’avoir une vie construite autour de nombreux dogmes.

L’idée pour eux est de consacrer leur énergie à un engagement social, politique et artistique plutôt que de cramer sa vie par les deux bouts. Là encore, je voulais imaginer ce que serait ce mouvement s’il revenait vraiment sur le devant de la scène aujourd’hui et donc j’ai rajouté à leurs dogmes quelque chose qui est déjà présent dans les sous branches du mouvement, la partie écologiste (beaucoup de Straight Edge sont végan) et un positionnement pro-féministe qui s’aligne avec l’ensemble de la démarche et qui fait au final des Néo Straight Edge un mouvement musical punk et hardcore qui est en même temps ultra-progressiste dans son approche politique.

Du coup, même si on est dans un monde d’anticipation, cela reste très contemporain puisque cela se passe en 2025 avec une anticipation sur les courants aussi bien sociaux que musicaux.

On trouve dans ton ouvrage beaucoup de personnages, ce qui peut s’avérer au départ un peu déroutant mais qui très rapidement devient fluide car les chapitres relativement courts s’enchaînent bien. Parmi ces personnages, il y en a certains qui sortent du lot, notamment Manon (qui donne son nom à l’ouvrage) et Simon qui a une particularité d’avoir un acouphène. La description de cet acouphène est au cœur de l’ouvrage, on voit bien les conséquences de celui-ci sur l’évolution du personnage. Particulièrement détaillée et intéressante sur le sujet, tu as fait des recherches sur les acouphènes pour écrire cet ouvrage ?

Benjamin Fogel : Je n’ai pas eu à faire trop de recherche sur le sujet car à 21 ans, j’ai eu un traumatisme sonore et j’ai toujours cet acouphène. Cela fait maintenant 18 ans que je suis acouphénique. Cela s’est fait en trois étapes, j’ai eu trois augmentations successives, la dernière en 2008. Il a alors atteint en 2000 un niveau de violence assez élevé, à la fois très fort et très aigu et cela m’a plongé pendant un an dans un état de dépression complet. Je ne pouvais plus faire grand-chose de ma vie et du coup, tout ce que je raconte dans le livre de l’acouphène de Simon est autobiographique.

Je comprends mieux maintenant les détails sur l’acouphène de Simon et comment tu arrives à bien nous montrer comment cela le détruit petit à petit. Tu as eu ça en tra^înant trop dans des concerts où le son est très fort ?

Benjamin Fogel : Oui et non. J’allais énormément en concert, je passais ma vie à voir des concerts. J’étais déjà sensibilisé au problème et je portais des filtres aux oreilles. Normalement, je n’avais aucun risque d’avoir un traumatisme aux oreilles. Je pense que l’exposition régulière à ces concerts avec peu de jours entre les concerts pour récupérer a fatigué mes oreilles.

Après le truc du traumatisme sonore et de l’acouphène, on ne connaît pas encore bien aujourd’hui les origines car c’est quelque chose qui est très neurologique. Je n’ai pas de perte d’audition, pas de problème de tympans, c’est vraiment quelque chose au niveau de mon cerveau.

C’est de ça aussi dont parle livre car moi cela m’a plongé dans la dépression mais cela a aussi modifié ma manière de voir le monde, de ressentir les choses, mon rapport à l’environnement sonore. A un moment, je me suis demandé si au lieu de me rendre triste, cela n’aurait pas pu m’embarquer vers la violence.

Du coup, au lieu de passer ton temps à des concerts, tu t’es mis à écrire des livres ?

Benjamin Fogel : Exactement. Si je devais dire ou raconter pourquoi j’ai écrit des livres, c’est exactement cela. J’étais passionné de musique. Pour moi la vie, c’était juste aller à des concerts. Je m’épanouissais comme cela. Du jour au lendemain, les médecins m’ont dit qu’il fallait arrêter les concerts, que je ne devais plus du tout m’exposer au son. Plus de bars bruyants, plus de boîtes et plus de concerts. Cela a généré un énorme vide dans ma vie. Mon autre passion était la lecture mais j’avais besoin d’avoir un truc plus actif que la lecture donc je me suis mis à l’écriture.

Pour revenir à l’ouvrage, cela parle aussi beaucoup des réseaux sociaux, des problèmes qui en découlent, du harcèlement sur les réseaux sociaux. A la fin de l’ouvrage, ne donnes-tu pas quelques pistes de réflexion pour mieux les réguler ?

Benjamin Fogel : Ouais. Ce qui est un peu compliqué dans le livre, c’est que comme c’est un préquel d’Irina qui lui est une forme de dystopie, Manon est une sorte de pré-dystopie. Il y a donc à la fois une réflexion sur comment améliorer les réseaux sociaux, comment avoir un monde plus épanoui et comment sortir de la crise écologique. Ce qui est plutôt très positif et en même temps, c’est aussi quelque chose qui mène au monde d’Irina qui est quand même une forme de société de contrôle qui est totalitariste.

Ce qui m’intéressait en tout cas, dans le projet global des trois livres, c’était vraiment de décrire un système politique et comment il arrive. C’était donc important dans Manon que quand on parle d’un système politique, on puisse en donner concrètement les grandes lignes qui le définissent et les grands axes politiques qui y sont associés. D’où l’idée du Mémo en fin d’ouvrage.

J’ai trouvé qu’il y avait au final une réflexion intéressante sur les réseaux sociaux, sur leur anonymat, sur le droit à l’oubli sur internet aussi.

Benjamin Fogel : Alors sur le droit à l’oubli, il y a aussi plein de choses qui sont liées à la Cancel culture. En fait, moi, je n’ai clairement pas de réponse. Je suis un fervent défenseur de l’anonymat. Mais en même temps, j’ai l’impression que le fait de supprimer l’anonymat permettrait de résoudre plein de problèmes. J’ai lu beaucoup de chose dessus, j’ai consacré beaucoup de temps à la réflexion sur le sujet et je n’ai toujours pas réussi à trancher. Au final, mon moteur d’écriture c’est souvent cela, prendre un sujet sur lequel je n’arrive pas à me faire un avis. J’essaie de le fictionnaliser avec plein de personnages de bords différents. Cela me permet d’essayer d’avancer dans ma réflexion sur le sujet. Aujourd’hui l’anonymat, je ne saurais pas dire si c’est positif ou négatif.

C’est compliqué en effet car totale transparence c’est en effet très totalitaire. Même si à la télé, on nous raconte que la transparence c’est la démocratie, il n’en est rien car l’Histoire nous confirme que la transparence est l’essence même des régimes totalitaires. Au-delà de ça, ce qui me pose problème aussi sur les réseaux sociaux, notamment dans les commentaires, c’est l’immédiateté de la réponse qui fait que l’on ne réfléchit plus aux réponses de l’autre.

C’est marrant car NOVA m’a demandé en début de semaine de participer à une émission pour parler de ma vision du futur. J’ai donc parlé des réseaux sociaux et mon principal point d’amélioration c’est exactement ce que tu dis. Il faudrait que les réseaux sociaux interdisent les réponses instantanées, que les gens soient obligés de prendre une heure, pour laisser retomber parfois la tension, pour poser un peu la réflexion, pour prendre le temps de lire. L’idée est de casser cette dynamique d’instantanéité qui est souvent une dynamique d’agression.

Ce qui m’a aussi beaucoup plu dans le livre, ce sont les nombreuses références littéraires et musicales que tu glisses dedans. Déjà il y a les deux personnages, Simon de Christo et Yvan Langalter, on comprend assez vite la référence à Daft Punk. Que penses-tu de la séparation de ce groupe ?

Benjamin Fogel : Daft Punk est un groupe qui m’intéresse énormément. C’est un groupe passionnant dans sa démarche. J’avais même pour projet d’écrire un livre sur eux que j’ai un peu commencé. Je ne sais pas si j’irais au bout mais en tout cas, ils me passionnent car c’est à la fois un groupe de puriste sur certaines décisions prises durant leur carrière et en même temps c’est un groupe d’une popularité folle totalement fédérateur. Je suis passionné par cette manière qu’ils ont eu de mener de front ces deux facettes de leurs personnalités.

Dans l’ouvrage les noms des deux personnages font écho à Daft Punk pour deux raisons : cela permet de comprendre dès le départ du livre qu’il va être question d’anonymat et le deuxième c’est la question du masque avec deux personnages qui portent un masque et peut-être qu'il y a derrière autre chose que ce qu’ils affichent. Cette référence donne au final un petit indice à la tournure que va prendre le roman.

On trouve aussi le nom du groupe des deux personnages qui s’appelle Significant Youth, encore une référence à un groupe connu que tu dois aimer, Sonic Youth ?

Benjamin Fogel : Oui tout à fait.

Tu nous parles aussi de Michel Houellebecq, un auteur que j’aime bien surtout pour ses premiers ouvrages. C’est un auteur important pour toi ?

Benjamin Fogel : Comme toi, j’aime bien ses premiers ouvrages. Il reste quand même pour moi une référence dans la manière dont j’écris. Notamment au travers du mélange de fiction et d’analyse sociale, avec un regard sur le monde, avec parfois des passages (même si j’essaie de les écourter) qui pourrait se rapprocher de l’essai. Et en même temps, les derniers, et même surtout le dernier, Sérotonine, me paraît vraiment être un livre à côté de la plaque, à côté de son époque, venant pourtant d’un auteur qui a été assez générationnel. A la lecture de Sérotonine et quand on regarde ce qu’il a écrit avant, sur le poème qui est cité dans le bouquin cela en fait quand même une influence des masculinistes.

Au travers d’un mot de passe il y aussi une référence à Godspeed You ! Black Emperor qui vient tout juste de sortir un disque. Tu le trouves comment ce nouvel opus ?

Benjamin Fogel : Je l’ai écouté bien sûr, c’est un très bon album. Il va nécessiter plusieurs écoutes car comme souvent avec ce groupe, il y a beaucoup de textures et de sens dans les morceaux qui n’apparaissent qu’après plusieurs écoutes. C’est au fil des écoutes que je comprends la structure des morceaux, où ils ont voulu en venir. C’est pour moi un groupe dont les albums ont une grosse longévité.

Tu nous parles aussi d’Alain Damasio. Tu cites La horde du contrevent mais il y a aussi son dernier ouvrage, les furtifs qui est vraiment génial. C’est un peu le patron lui ?

Benjamin Fogel : Oui Damasio, c’est vraiment une grosse influence pour moi. Je fais partie de la génération Damasio, des gens qui ont lu Damasio quand ils avaient 20 ans. Damasio, c’est un vraiment un auteur qui n’a pas d’équivalent ni en France ni dans le monde. Que ce soit La zone du dehors dont on retrouve beaucoup de choses dans Irina et dont on retrouvera des choses dans le prochain ouvrage mais aussi avec Les furtifs, là aussi on retrouvera des choses dans le troisième tome, Damasio est vraiment une référence. C’était donc important pour moi de le citer au moins une fois dans la trilogie.

Comment t’es-tu retrouvé chez Rivages dans la collection rivages Noir, aux côtés de superbes auteurs ?

Benjamin Fogel : C’était un peu inattendu car la collection Rivages Noir est clairement ma préférée en France. Elle est historique, pour moi il y a tous les meilleurs auteurs de romans noirs dedans et en plus, c’est une collection qui mélange le roman noir avec plein d’autres genres, de l’histoire, de l’analyse socio-politique, un peu de SF. On retrouve des autrices comme Emily St. John Mandel dedans, dont je me sens aussi hyper proche.

Je m’y suis retrouvé un peu par un coup de chance. Mon éditrice est Jeanne Guyen, j’avais eu l’occasion de la rencontrer par différents biais et elle connaissait un peu ce que je faisais comme éditeur avec Playlist Society. Je lui ai dit que j’écrivais aussi de la fiction et elle m’a hyper gentiment proposé de lui faire lire. Je lui ai donné la première version de La transparence selon Irina qui à l’époque était encore plus SF. Je lui ai demandé des conseils notamment si elle pouvait me conseiller des éditeurs, sans penser que cela pouvait l’intéresser pour Rivages.

Je lui ai parlé ensuite de comment je voyais la construction de cet univers. C’est à ce moment que j’ai recommencé à mettre le projet à plat. Je me suis dit que si je voulais vraiment faire la trilogie que j’ai en tête et qu’elle soit publiée chez Rivages, il fallait que je m’interroge sur comment je pourrais récrire cette histoire avec cette fois du 100% fiction, en supprimant la partie SF. J’ai rebossé pendant un an une nouvelle version complète du texte et je me suis retrouvé chez Rivages.

Tu te retrouves maintenant au milieu d’auteurs superbes comme Hervé le Corre. C’est génial.

Benjamin Fogel : Hervé Le Corre est pour moi l‘un des dix grands auteurs de la littérature française contemporaine. C’est d’une finesse d’écriture, de style, il a une puissance de narration, de regard sur la misère du monde qui est incroyable. Son dernier ouvrage est un modèle de polar et celui d’avant, Dans l’ombre du brasier, est pour moi un livre historique sur la commune qui montre qu’il est un des rares auteurs français qui peut se revendiquer de Victor Hugo. Je trouve ça fou et incroyable Hervé Le Corre.

J’aime aussi beaucoup Thomas Mullen dans cette collection.

Benjamin Fogel : Oui c’est un auteur formidable aussi. Quand on réfléchit, si on lit l’ensemble des livres que Rivages noir publie, cela reconstitue une réflexion globale sur la société et le monde moderne mais aussi sur ce que peut être le roman noir aujourd’hui.

Alors du coup, le troisième tome est prévu pour quand ?

Benjamin Fogel : Bonne question. Idéalement, je dirai dans deux ou trois ans. Le livre existe déjà en terme de structure, il faut quand même que je l’écrive. J’ai aussi un autre projet sur un autre support qui se passerait aussi dans l’univers de la transparence. C’est encore un peu un projet secret.

Parlons maintenant de Playlist Society. Tu peux nous donner quelques informations ?

Benjamin Fogel : On a sorti hier une nouvelle version de notre livre sur Christopher Nolan. C’est notre titre le plus vendu pour le moment. Il était en rupture de stock donc on a décidé d’en sortir une nouvelle version en y intégrant le film Tenet, récemment sorti sur les écrans.

On va enchaîner le 20 mai avec la sortie d’un ouvrage sur le groupe Oasis, un livre de Benjamin Durand qui s’appelle Oasis ou la revanche des ploucs dont le pitch est un peu de dire qu’en fait Oasis est le groupe anglais qui a le mieux caractérisé la politique anglaise de ces dernières années et le passage de Margaret Thatcher à Tony Blair. C’est un groupe qui a un côté générationnel qui décrit à travers sa carrière les évolutions de l’Angleterre. Je suis très fan du livre et j’espère que cela va plaire.

Ensuite on enchaînera en septembre avec un livre sur l’apocalypse dans les séries américaines, un livre qui s’inscrit dans la même démarche que Géographie des zombies, les ruines du capitalisme. On creuse à nouveau le truc de dire qu’est-ce que les séries actuelles nous disent des Etats-Unis avec le parti pris de dire "est-ce que la manière dont les Etats-Unis imaginent l’apocalypse et le monde d’après ne serait pas un moyen de détourner du regard les méfaits du capitalisme ?"

Vous avez déjà publié une vingtaine d’ouvrages, il me semble ?

Benjamin Fogel : On en a sorti exactement 26 à l’heure d’aujourd’hui. Celui sur Oasis sera le 27ème.

C’est encore un travail complètement différent que celui d’écrivain ?

Benjamin Fogel : C’est un boulot complètement différent de l’écriture mais en même temps, je le relie quand même avec car j’y mets de moi à peu près la même chose. J’ai à la fois une passion pour la pop culture, pour la fiction et la narration. En même temps, j’ai aussi une volonté de réfléchir sur le monde, d’être dans l’essai, avec des références. J’essaie, à la fois dans les essais et dans les romans de mélanger ces deux positionnements.

Je trouve cette collection très sympa sur le cinéma et la musique.

Benjamin Fogel : On tente d’avoir ce truc de dire OK en 100 pages, avec quelque chose de très court, on va essayer de donner les clés ou une vision globale autour d’un artiste ou d’une carrière. Ce qui est important pour moi, c’est le côté pédagogique en étant dans la vulgarisation. On veut que l’ouvrage puisse être lu sans connaître le sujet.

Les ouvrages sur Playlist society brassent quand même assez large puisque cela va de Christophe Honoré à Christopher Nolan. Cela correspond aussi à tes goûts cinématographiques ?

Benjamin Fogel : Que cela soit en musique ou en cinéma, je n’ai pas vraiment de style préféré, je m’intéresse un peu à tout. En musique cela va du hardcore au rap en passant par l’électro, le jazz, l’indie, le noise. C’est pareil pour le cinéma. Pour ce qui est de la ligne éditoriale de Playlist Society, on choisit les textes avec ma coéditrice qui est Elise Lepine, qui a aussi des goûts hyper éclectiques.

En général, à nous deux pour la plupart des sujets, il y en a toujours au moins un des deux que cela intéresse. On ne cherche pas non plus forcément à publier des essais sur des artistes que l’on aime. Par exemple, moi, je ne suis pas du tout fan d’Oasis, ce qui m’intéresse ce sont les textes, c’est l’angle, ce que vont apporter les auteurs. Je préfère cent fois un excellent livre sur un groupe que je déteste qu’un livre moyen sur un groupe que j’adore.

Il reste les jeux vidéo pour être complet. Il n’y a pas encore d’essai sur les jeux vidéo. Cela serait intéressant de faire des analyses de jeux vidéo aussi. C’est plutôt une bonne idée, non ?

Benjamin Fogel : C’est plus qu’une bonne idée puisque je peux annoncer que notre premier essai jeu vidéo sortira l’an prochain. Je ne peux pas te donner le sujet mais c’est un titre qui m’excite énormément. Cela sera le troisième livre d’Erwan Desbois qui en a déjà publié deux chez nous. Cela va être un titre hyper cool. Le jeu vidéo est un espace de réflexion et de création à la fois esthétique et intellectuelle qui est devenu fou. C’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup.

Ce n’est pas un gros jeu vidéo sorti récemment qui a eu un lancement compliqué ?

Benjamin Fogel : Non non ce n’est pas sur Cyberpunk. On veut avoir la même lignée éditoriale donc on ne ferait pas un essai sur un jeu, plutôt un essai sur le studio, sur Cd Project. De la même manière que l’on ne fait pas un livre sur un seul film, mais plutôt sur une filmographie d’un artiste, pour le jeu vidéo cela sera pareil. On s’intéressera plutôt soit à un créateur de jeux vidéo, soit à l’histoire d’un studio ou encore à un mouvement spécifique dans le jeu vidéo.

J’ai hâte d’en savoir plus sur ce futur ouvrage. Je te remercie pour le temps consacré à Froggy’s delight, te souhaite le meilleur pour Le silence de Manon et les ouvrages que tu publies chez Playlist Society.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "La transparence selon Irina" du même auteur
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Jean-Louis Zuccolini         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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