Pour les plus attentifs d’entre vous, j’avais déjà présenté cette jeune collection, L’iconopop, co-dirigé par Cécile Coulon et Alexandre Debord. Ils avaient sorti 3 volumes l’année dernière, de Mathias Malzieu et Daria Nelson, Lisette Lombé et Suzanne Rault-Balet.
L’iconopop nous propose de découvrir ou redécouvrir des artistes pour qui la poésie n’est pas un vain mot et qui tentent, chacun à leur manière, de nous sensibiliser à leur univers.
Peut-on parler de vulgarisation de la poésie ? Cela sous-entendrait que la poésie est un art trop complexe pour être compris par tous, alors que de mon point de vue, chacun y trouve, dans cette richesse de parution, un univers, une sensibilité qui lui est propre et le touche.
Pour cette saison 2, parce que l’Iconopop ne fait rien comme les autres et ils sortent les ouvrages par salve de 3, ils nous proposent de découvrir les textes d’Akhenaton, leader charismatique du groupe de rap marseillais I AM, de Clémentine Beauvais autrice notamment de Songe à la douceur et de Pauline Delabroy-Allard, autrice de Ça raconte Sarah.
3 artistes, 3 styles, 3 univers et un point commun : la poésie et l’art de manier le verbe.
Commençons par Akhenaton, qui était celui que j’attendais le plus, parce que le plus connu pour moi, parce qu’écrivant dans un registre où on ne l’attendait pas forcément mais aussi parce que je le trouve vraiment très interessant dans son propos. Il nous éloigne des clichés plus ou moins négatifs du rap (lui et bien entendu son groupe I AM). Son texte est un véritable coup de poing dans l’estomac.
Revenons en arrière : 2006 il sort un titre, "La fin de leur monde", qui dure 10 minutes et dont le clip, véritable sensation, ne laisse personne indifférent. C’est un titre "pamphlétaire et engagé, fustigeant la dérive de notre monde" (sic). Le titre se termine par une note d’espoir : cela ne peut qu’aller mieux.
2021, Akhenaton fait un triste constat : la situation a empiré et la colère de l’artiste, exarcerbé par la situation sanitaire ne fait qu’accroître et il nous livre alors un texte choc : La faim de leur monde ! Un texte qui se lit d’une traite, peu de ponctuation, un style certes direct mais d’une grande richesse.
Vient ensuite Clémentine Beauvais. Une véritable révélation pour moi. Un texte magistral. Une idée formidable.
Tout part des premiers vers du poème de Beaudelaire, "Une charogne". Le postulat de Clémentine Beauvais est de nous raconter l’histoire de cette charogne, qui est dans son imagiaire une femme au passé plus que nourri. Qui est-elle ? Pourquoi est-elle là ? On y découvre une femme en avance pour son temps (en plein 19ème siècle).
Je ne veux pas déflorer cette histoire, mais elle y dénonce avec force et avec talent le sort des femmes de cette époque, peu envieux et malheureusement, encore d’actualité bien trop souvent ! J’ai pris une vraie belle claque littéraire.
Enfin, Maison tanière de Pauline Delabroy-Allard qui est lui aussi formidable. Un troisième livre, une autre manière de découvrir la poésie et l’imaginaire.
L’autrice se retrouve, volontairement, exilée dans la maison d’amis à elle. On en découvre les raisons petit à petit : elle écrit un roman, mais pas que. Son idée et de nous faire découvrir dans un premier temps les vinyles qui sont dans la discothèque de son hôte et chaque disque est accompagné de la pochette photographiée par l’auteur, mise en situation et du texte que lui a inspiré ce disque. Elle se raconte à travers ce qu’elle qualifie de journal poétique.
Après un an de tournée, suite à la sortie de ce roman, elle éprouve le besoin de se ressourcer au même endroit et nous propose un autre postulat, lui aussi, totalement novateur : elle photographie les murs et les plafonds des pièces et couche les textes que cela lui inspire. Cela nous donne ce Maison tanière de toute beauté.
Je vais être franc, ces deux autrices et cet auteur, m’ont une fois de plus laissé chaos. C’est beau, fort, poétique et novateur. Les couvertures des livres sont vraiment une nouvelle fois superbes. Cette collection est à l’image des deux co-directeurs et des auteurs : c’est beau, c’est sincère et sans fards.
Je n’ai qu’un seul conseil : lisez de la poésie et si vous pensez que c’est reservé à une élite, vous aurez vite la preuve que non. La poésie est pour tout le monde, il suffit juste de se laisser aller et de trouver celle ou celui qui vous ouvrira les portes de ce monde fabuleux. |