Yaichi, qui élève seul sa fille, Kana, voit son quotidien tranquille bousculé par l’arrivée de Mike, le mari Canadien de Ryôji, son frère jumeau récemment décédé. Ce sont alors différentes cultures qui se rencontrent et se bousculent pour espérer s’apprivoiser.
Dans Le Mari de mon Frère, lauréat de deux prestigieux prix (le Prix Eisner de la meilleure édition américaine d’une œuvre internationale ainsi que le Prix d’Excellence de l’Association des auteurs de bande dessinée japonaise), Gengoroh Tagame s’éloigne de ses publications habituelles pour proposer un manga tout public aussi critique qu’il est doux et éducatif.
Le Mari de mon Frère raconte la collision soudaine entre la culture japonaise et la culture canadienne auxquelles s’ajoute la culture gay dont les symboles autant que son histoire ou le vocabulaire qui lui est propre sont expliqués au lecteur avec pédagogie et humour par quelques pages intercalées entre les chapitres.
Une histoire loin des clichés, incarnée par trois protagonistes tous plus attachants les uns que les autres, qui m’ont fait rire et m’ont émue aux larmes, à commencer par le solaire Mike, aussi solide que sensible et fort de son infinie bonté d’âme ; Yaichi dont les remises en questions concernant l’éducation de sa fille autant que son rapport à l’homophobie ou à l’homosexualité de son frère jumeau paraissent extrêmement justes et enfin la petite Kana, curieuse et spontanée, qui a en elle cette sagesse si particulière qui n’appartient qu’aux enfants et dont le regard donnerait des leçons d’humilité et de tolérance à bon nombre d’adultes.
En tout juste quatre tomes, Gengoroh Tagame questionne avec beaucoup de finesse le rapport de la société japonaise à l’homosexualité et à une forme d’homophobie sourde dont on perçoit tout le poids dans le récit malgré son apparente légèreté.
Un manga tout public plus qu’addictif écrit avec beaucoup d’intelligence, une fenêtre ouverte sur la culture japonaise qui donne à réfléchir et surtout une excellente lecture riche en émotions à mettre entre toutes les mains. |