Initialement, on a été très intrigué par la couverture de cet EP représentant la vitrine d’un sex-shop parisien. Qu’est-ce qui peut se cacher musicalement sous cette devanture ? Une référence à Gainsbourg et sa B.O. du film de Claude Berri Sex-Shop ? Un disque sous l’influence de l’immense Alain Goraguer, arrangeur de Gainsbourg et compositeur pour Vian qui sous le pseudo Paul Vernon (et oui !) signa de nombreuses compositions pour le ciné X époque Brigitte Lahaie ?

On se décide de franchir le pas et là ô surprise, on se retrouve à mille lieues de ces ambiances fantasmées. Il s’agit d’un univers sonore naviguant entre stoner, sludge, rock gothique et post-rock.

Intraveineuse s’avère donc être un duo parisien présenté sous influence Type O Negative ou Hangman's Chair mais évoluant selon nous dans un registre plus vaste. Chronicles of an Inevitable Outcome est leur premier EP d’une durée de 32 minutes et il est composé d’un titre unique dans un style purement instrumental.

Transmettre des émotions serait l’objectif principal du disque. Et bien là on peut dire que c’est réussi. On y sent de la mélancolie, de la sérénité (si tu tends l’oreille, tu entendras même des petits bruits d’oiseaux !) ou de la colère et le tout dans une ambiance qui frôle parfois le post-rock à la Godspeed You! Black Emperor.

Ouverture du disque par une introduction composée de quelques gouttes de pluie et de notes de piano qui donnent immédiatement à leur musique une saveur mélancolique. Puis, à 1 minute 40, la guitare fait son entrée fracassante avec un son doom alliant à la fois puissance et lourdeur.

Le rythme ralentit autour de 7 minutes pour faire revenir le piano dans un dialogue avec la batterie donnant au son effectivement un côté rock gothique. La déflagration sonore qui s’ensuit n’est que plus jouissive. Il y a des accélérations d’une intensité incroyable. Tenir un titre d’une durée de 32 minutes dans un style complètement instrumental sans créer de l’ennui ou de la monotonie était quand même un défi. Il est pleinement atteint par des changements de rythmes et des variations de style.

L’EP s’arrête brutalement d’un coup net. Sentiment de frustration en attendant la suite ? Pas le choix. On se remet donc à l’écouter en boucle tellement celui-ci est riche et brillant.

P.S. : petit message au duo, pitié, avec une telle pochette, il faut absolument faire une sortie en support vinyle et pas seulement en cassette et en numérique.