Vous connaissez peut-être le kudzu, cette plante grimpante et envahissante dont l’apparence est similaire à de la vigne vierge. Une plante dont on entend aussi beaucoup parler du fait de ces substances actives qui agiraient paraît-il sur la désaccoutumance à certaines addictions.
Cette plante, le kudzu, très présente aussi sur la couverture de l’ouvrage de Michael Farris Smith est aussi au cœur de l’ambiance qui se dégage de ce roman particulièrement noir que nous propose l’auteur américain. Porté par l’écriture superbe de l’auteur, que j’ai découvert avec Le pays des oubliés, Blackwood laisse le lecteur s’avancer dans l’ouvrage pour mieux l’enlacer, le retenir et le prendre au piège tout comme la plante avance et envahit le village où se déroule l’action du village, Red Bluff.
Red Bluff, au Mississippi, c’est la ville dans laquelle Colburn, quand il était enfant, a vécu un drame. Un drame que l’auteur nous raconte en début d’ouvrage sur un prologue saisissant. Nous sommes alors en 1956, Colburn est dans la cuisine avec sa mère quand celle-ci lui demande d’aller chercher son père, un père qui n‘aime pas son fils. Il se rend alors dans l’atelier de son père au fond du jardin pour le découvrir en train de se suicider, pendu à une poutre, ses pieds cherchant à se poser sur un tabouret à proximité. Regardant son père dans les yeux, il donne alors un violent coup de pied dans le tabouret.
On se retrouve alors 20 ans plus tard, en 1976, quand Colburn est de retour à Red Bluff. Red Bluff, qu’il a quitté, est devenue une ville qui se meurt en silence, envahie par le Kudzu mais aussi par une atmosphère délétère entre ses habitants. C’est une ville humide et chaude, où les lourds secrets sont légion, une ville marquée par des tensions fortes.
Un homme, une femme et un enfant vont arriver au même moment dans ce village à bord d’une vieille voiture pourrie qu’ils doivent réparer. Refusant l’aide du sheriff, ces vagabonds vont alors rester dans le village, sans dévoiler leur nom tout en intrigant le sheriff. Le père entend des voix qui lui disent des choses horribles.
Colburn est donc de retour au village, lui qui a connu le suicide de son père dans ce village. Colburn veut en savoir plus sur son père, comprendre pourquoi celui-ci l’a rejeté. Il pense que les habitants sauront répondre à ses questions.
Dès son retour, Colburn ne peut échapper aux commérages le concernant car tous les habitants se souviennent de son histoire, lui qui est incapable de retrouver et de se souvenir de la maison où il vécut quand il était petit. Il va débuter une relation avec Célia, la propriétaire d’un bar qui va disparaître en même temps que deux enfants, engloutis par la forêt de Kudzu. Colburn est le dernier à avoir vu Célia…
C’est un livre très sombre et magnifiquement écrit que nous propose Michael Farris Smith. La façon dont il décrit ce village englouti par le Kudzu où règnent la mort, les secrets et les fantômes qui parvient à happer le lecteur en apportant une petite touche de fantastique et avec une fin particulièrement réussie, à la dimension quasi biblique.
Magnifique de bout en bout, les sujets qu’il aborde, de la condition humaine à la culpabilité en passant par la rédemption, tout est maîtrisé dans cet ouvrage jusqu’au Kudzu qui est au final l’un des personnages principaux de ce roman. Michael Farris Smith s’affirme comme un immense écrivain au fur et à mesure de ses publications qui n’ont de cesse de nous émerveiller. |