Spectacle conçu et mis en scène par de Didier Ruiz, avec Adel Bentounsi, Marie-Christine Bernard, Olivier Blond, Eric Foucart, Grace Gatibaru, Jean-Pierre Nakache et Brice Olivier.
Un plateau vide avec six mystérieuses tiges disposées dans l'espace scénique. Elles sont fixées au sol et vont jusqu'au plafond. On pourrait imaginer qu'elles servent à du "pole dance". Mais ce ne sera pas leur usage. Elles n'auront d’ailleurs aucun usage. Sauf peut-être de relayer la terre et le ciel...
Car il va s'agir pour les sept personnages en quête de Dieu de parler transcendance et spiritualité. Ils seront sept, cinq hommes et deux femmes, Didier Ruiz ayant renoncé à une parité bien difficile à trouver parmi ces tenants de sept manières de croire. On aura donc les adeptes de Bouddha, Jéhovah, Mahomet, Jésus (sous les trois angles du catholicisme, du protestantisme et de l'orthodoxie) et pour contenter les bobos un tenant du chamanisme...
Chacun va venir (plusieurs fois) se raconter. On partira de l'anecdote pour peu à peu se rapprocher de l'essence. Qu'est-ce que croire, comment croire, comment concilier le dogme et sa liberté de croire...
Didier Ruiz se présente comme un non-croyant. Il ne s'agit pas pour lui de dessiner un chemin vers "plutôt croire" que "plutôt ne pas croire", mais d'accumuler l'énergie de toutes les expériences racontées, de le faire avec bienveillance en comptant sur l'intégrité des sept protagonistes.
On est objectivement dans ce que d'aucuns appellent le "théâtre documentaire". Didier Ruiz préfère dire, avec raison, qu'il accompagne la parole sur un sujet déterminé. "Que faut-il dire aux hommes ?" achève un d'ailleurs un triptyque dont les précédents épisodes étaient consacrés aux prisonniers et aux transgenres.
Son théâtre veut ainsi rendre compte de l'humanité. Chacun est porteur d'une vérité, pas forcément incompatible avec la vérité des autres. Le tout qui se construit, on le répète avec beaucoup de bienveillance, est bien supérieur à la parole d'un seul que l'on entendrait in extenso.
Que l'on soi soi-même un peu croyant ou totalement agnostique, ou le contraire, que l'on se pose des questions ou qu'on estime le débat clos à jamais, on trouvera forcément de l'intérêt au spectacle de Didier Ruiz et l'on trouvera ses intervenants tous justes dans la défense ou l'illustration de leur foi. On est devant des témoignages réduits à leur meilleur et l'on ne songera pas, ni à comparer ni à hiérarchiser toutes ses paroles qui s'enchaînent dans un apparent savant désordre, à la fois musical et dansé.
Pas besoin d'en dire davantage sur ses hommes et ses femmes dont Didier Ruiz magnifie la parole, en la retranscrivant dans une simplicité bien établie et surtout dénuée de tout prosélytisme. Au bout du compte, c'est leur humanité qui sort grandie dans cet exercice de tolérance universelle. |