"Welcome child, you’re free of the cage, Trying to seem sane makes you seem so strange"
"If life's a joke, then i'm dying laughing"
Le nouvel album de la géniale chanteuse St. Vincent commence presque comme du Prince, passant subitement d'un piano enjoué à un riff de basse, et l’ombre du musicien américain sera toujours présente : que cela soit parfois dans le groove, dans le son de guitare ou dans les inflexions vocales.
Mais Daddy’s Home n’est pas un hommage au kid de Minneapolis, guère plus au père de la chanteuse. Seul le titre "Daddy’s Home" y fait explicitement référence en parlant de son emprisonnement et de sa libération. En fait, son influence se fait plus insidieuse, et pour le coup on peut vraiment parler d’influence car le son, l’esthétique générale, étant façonnée par la collection de disques de son père. Il devait donc y avoir des disques de soul, de folk, de soul psychédélique, de funk, de Randy Newmann, de Sheena Easton, Sly Stone, Pink Floyd, Harry Nilsson, David Bowie ou Steely Dan (pour le rapport entre paroles et musiques, pour l’esthétique...).
Il y a quelque chose également dans cet album du New-York des années 70, vie nocturne enfumée et une sorte d’étincelante décadence (à l’image de la pochette du disque), comme entre la fin d’une totale innocence et le début d’un bonheur qui cache la peur, la tristesse, l’angoisse.
Pour autant St. Vincent ne fait pas une relecture littérale de ces genres ou esthétiques musicales, parvenant à la fois à se fondre dedans tout en cultivant son propre univers, sa propre esthétique, le tout avec une certaine finesse.
Comme toujours chez Annie Clark, même si son univers est en constante évolution, tout est ultra soigné : les compositions comme la production. Une production de nouveau réalisée par Jack Antonoff qui met particulièrement en valeur la rondeur et la clarté du son, les textures et les timbres des instruments (les synthétiseurs, le son de sitar…).
C'est une célébration, avec tout cela comporte, de ce que Clark trouve d’encourageant dans la vie, dans les rencontres et les relations que l’on peut nouer. Mais de manière très introspective et honnête elle parle également d’estime de soi, de la dépendance aux drogues, d’épanouissement, d’intimité, du prix de la renommée, de douleur, de traumatismes, de rédemption. Des sujets parfois déjà abordés sur les disques précédents. Mais il y a toujours une certaine forme de légèreté, de second degré.
De loin l’une des artistes les plus intéressantes du moment...
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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