Ce disque est incroyablement frustrant. Et c’est vraiment bon signe.

En deux titres denses et hargneux, ODDATEEE et ses deux compères (Junior Robinson et Mickalo’) nous rappellent ce que le hip-hop n’est pas cette soupe autotunée dégueulasse et putassiére servie par Skyrock ou Mouv’ (pour ne parler que de l’hexagone).

Deux titres qui sentent la vraie collaboration entre artistes. Celle où l’on parle de musique avant de causer pognon. Celle où l’on décide de sortir un disque pour s’exprimer ensemble. Pour partager une parole et la diffuser sans se regarder le nombril. Le hip-hop peut donc encore avoir cette qualité de partage et d’honnêteté. Tout espoir n’est pas donc pas vain.

Musicalement, niveau production et arrangements il n’y a rien à jeter : c’est une masterclass. Quand le hip-hop fraye avec la tendance dite "noise" (je vous laisse définir le terme plus précisément, mais le lecteur comprendra l’idée), il touche à son essence la plus brute. Voire brutale. Le résultat est alors souvent remarquable.

Ainsi, là où beaucoup ont parié sur l’hybridation avec l’électro-pop pour sortir du lot, force est de constater que le chemin emprunté par les ODDATEEE, Dalek, Death Grips, Ho66o6r ou autre, s’il est moins mainstream, est nettement plus réjouissant. Et donne des résultats extrêmement personnels et variés.

Ce disque est donc incroyablement frustrant dans la mesure où il envoie dans les cordes, en juste deux titres, les tenants du hip-hop radiophonique. En un album, il pourrait donc les renvoyer au fond du cul de basse fosse d’où ils n’auraient jamais dû sortir.

Vivement la suite !