Je ne sais pas s’il existe une French Touch, et je me demande ce que cela pourrait bien signifier. Je sais que Gojira font partie des rares musiciens français à avoir acquis une notoriété internationale depuis le début 2000 jusqu’à nos jours.
Le groupe français sort du lot de la scène metal de ces 20 dernières années pour une multitude de raisons. Ils n’ont pas cédé au martyre de la virtuosité creuse qui consiste à mettre la musique au service des musiciens et non l’inverse. La recherche d’énergie pure, de l’intégrité, se combine à l’intelligence pour que chaque album soit un album concept. Mario Duplantier n’étant pas qu’un batteur à la virtuosité exceptionnelle, il en conçoit aussi les pochettes.
Cette valeur d’âme jamais usurpée a permis à Gojira de se démarquer des thématiques traditionnelles du metal : sortir de l’heroic fantasy pour rejoindre les préoccupations politiques du hardcore, et se soucier de la question écologique (d’ailleurs le clip de "Another World" n’évoque pas que La planète des singes mais tout aussi bien le livre de Bruno Latour, Où atterrir ?).
Mais c’est aussi et surtout en live que Gojira confirme ses qualités par des concerts qu’il faut qualifier de prodigieux, rien de moins. Magma et ses mélodies entêtantes marquaient un tournant dans le parcours du groupe. Comme le disait Joe Duplantier : "après 20 ans je veux tenter d’autres manières de chanter que de hurler dans un micro".
Fortitude fut enregistré dans le contexte que nous avons tous traversé depuis un an et demi. Andy Wallace, isolé du fait des risques liés à son âge, a donc mixé l’album à distance. Si la qualité de la production est indéniable, celle des chansons me laisse plus perplexe. Une ligne de démarcation semble traverser l’album entre des morceaux comme "Amazonia", "Another World", ou "The chant" d’une part et ce qui relève plus classiquement de Gojira comme "New Found", "Sphinx", ou "Grind" d’autre part. Les seconds rappelleront au fan de longue date ce que le groupe a toujours su faire de mieux avec la marque de fabrique de ces riffs de guitare scandés par des pitch-shifts là où les premiers ouvriront leur musique vers une plus grande audience.
Fortitude est-il un mauvais album ? Certainement pas ! Et on se sentirait gêné de faire des reproches à un groupe qui a autant apporté à la musique metal en tirant toujours les aspirations musicales vers le haut. Mais derrière ce mur du son, toujours élégamment articulé, j’entends beaucoup moins l’enfant sauvage qui s’exprime. Je voudrais mieux sentir l’orage qui gronde pour que la pluie me libère.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.