Encore une belle lecture proposée par les éditions de l’Olivier avec cette auteure américaine, Elif Batuman, journaliste connue du New-Yorker, avec L’idiote, son premier roman qui a été finaliste du prix Pulitzer en 2018.
L’idiote est le récit de la première année à Harvard de Selin, une jeune américaine d’origine turque, au milieu des années 90. Dans ce lieu prestigieux, Selin se sent à part. Elle ne maîtrise pas les codes, sa gaucherie lui fait honte et ses amours avec Ivan, un étudiant hongrois en mathématiques, ne mènent à rien. Passionnée de littérature, notamment la littérature russe, elle pensait connaître par cœur les errances de l’âme humaine.
Car oui, la littérature est l’obsession de Céline, notamment celle de Dostoïevski, d’où le titre de l’ouvrage. Elle est pour elle une grille de lecture, un support sur lequel elle s’appuie, elle qui connaît parfaitement les grands auteurs russes et qui souhaite devenir écrivain.
Elle comprend en se confrontant à la réalité que la lecture ne peut seule tenir lieu d’expérience. Comme Don Quichotte découvrant que la vraie vie est différente de l’image qu’en donnent les romans de chevalerie, sa déception est grande.
L’histoire se déroule en une année universitaire. Construit autour de deux saisons dans une première partie comprenant l’automne et le printemps, se poursuivant dans une seconde partie sur l’été autour des mois de juin, juillet et août, l’ouvrage est en quelque sorte un mélange entre le roman d’apprentissage et le journal de bord.
Selin nous raconte son expérience à Harvard, ses pensées, son érudition aussi qui dépasse sa connaissance de la littérature russe nous permettant d’apprendre au passage de nombreuses choses dans différents domaines. La narratrice raconte différents personnages, à la culture parfois différente, un Hongrois, une Serbo-croate, l’occasion pour elle de nous renseigner sur les langues et leur complexité.
L’ouvrage qui est comme assez conséquent, plus de 500 pages, est à la fois un mélange d’érudition et de légèreté. C’est aussi souvent très drôle alors que le sujet n’est pas forcément comique. Les mots choisis par l’auteur, les situations incongrues dans lesquelles peut se trouver la narratrice à certains moments, les dialogues parfois improbables sont un véritable bonheur de lecture. Et surtout, ce sont les pensées qui traversent l’esprit de la narratrice en fonction de la situation dans laquelle elle se trouve qui sont pour moi les plus drôles.
Alors voilà, je n’ai pas vu passer les 500 pages de cet ouvrage et je vais noter dans un coin le nom de cette auteure pour ne pas rater son prochain ouvrage lorsqu’il sortira. |