L’adolescence, aussi ingrate que fascinante, période de construction, de déconstruction, d’interrogations diverses et, surtout, source d’inspiration inépuisable pour la littérature et le cinéma, entre autres supports artistiques, qui se posent alors en fantastiques témoins d’une époque et d’une génération.
Du haut de ses 26 ans, Alice Oseman, jeune autrice britannique traduite et publiée dans le monde entier, a déjà à son actif la parution de quatre romans, deux romans courts ainsi qu’une saga de romans graphiques en quatre tomes pour laquelle elle a signé une adaptation avec Netflix.
Si chacun de ses livres peut être lu indépendamment des autres (à l’exception des romans graphiques qui se suivent), il est intéressant de voir son œuvre comme un ensemble puisqu’on y retrouve d’un ouvrage à l’autre des personnages gravitant dans un même microcosme. Une publication après l’autre, l’autrice crée ainsi une fresque sur laquelle le lecteur assiste à l’évolution d’un groupe d’adolescents écrits dans un réel souci de représenter avec réalisme une jeunesse très actuelle, dans toute sa diversité et avec les problématiques qui lui sont propres.
Bien que je considère tous les ouvrages d’Alice Oseman intéressants à leur manière, c’est ici son second roman que j’ai envie d’aborder, traduit en français aux éditions Nathan sous le titre de Silence Radio (Radio Silence dans sa version originale).
On y fait la connaissance de Frances, secrètement passionnée par un podcast de fiction dont elle fait des illustrations qu’elle poste sur les réseaux sociaux. Sortie de ce jardin secret, elle est une jeune fille studieuse se consacrant corps et âme à ses études en espérant intégrer Cambridge. Pourtant, sa rencontre forcée avec son taciturne voisin d’en face, Aled, va ébranler ses certitudes et bouleverser son quotidien.
À travers Frances et Aled, Alice Oseman raconte une quête d’identité et d’émancipation sur fond de rapport aux réseaux sociaux et de pop culture. Avec beaucoup de naturel et de douceur, mettant au centre de son récit une amitié forte et touchante, la jeune écrivaine propulse le lecteur et ses personnages au cœur de la jeunesse anglaise, où se mêlent des thèmes tels que la course à l’excellence, la pression sociale, la santé mentale, les relations familiales ou encore l’orientation sexuelle.
L’autrice écrit pour un public qui lui ressemble, pavant ses récits de références comme autant de clins d'œil entendus adressés à ses lecteurs qui se retrouvent aisément dans son univers et aiment y revenir, un "safe space" dans lequel chacun peut trouver sa place.
Alice Oseman, que je comparerais sans mal à Rainbow Rowell (Eleanor & Park, Fangirl), captive et fascine avec simplicité et donne, grâce à sa plume, de la profondeur à une histoire d’apparence banale mais soutenue par des personnages bien écrits et crédibles auxquels on s’attache avec une facilité déconcertante. Prenant des distances avec les clichés qui collent habituellement à la littérature adolescente, Alice Oseman porte à travers son travail un regard critique sur sa génération, qu’elle dépeint avec beaucoup de sincérité, de sensibilité et de fraîcheur tout en célébrant sa diversité. Se plonger dans ses œuvres nous ramène à la douceur de teen movies intemporels et intelligents que l’on regarderait en boucle.
Un roman et une autrice que j’aurais adoré découvrir il y a quelques années, à faire lire aux adolescents comme à ceux qui ne le sont plus.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.