Symphony n°2 / Highander
(Ici d'Ailleurs) août 2021
Il y a, chez Tomasz Sroczynski une sorte de post-postmodernisme (ce terme ne voulant absolument rien dire, sauf l’idée que l’on peut se faire d’une musique qui ne cesse de perdre sa substantifique moelle) à l’européenne dont Arvo Pärt pourrait être l’emblème, ou au moins le grand-père.
Justement, Sroczynski aime à citer le compositeur estonien dans ses influences. Nous pourrions penser ici à une sorte de "mystic minimalism", attention nous sommes très très loin d’un mysticisme à la Szymanowski. Il y a de l’ambient aussi. Surtout, Tomasz Sroczynski est polonais est sa filiation se dirige plutôt vers cet avant-garde (qui ne l’est plus depuis longtemps) polonaise : Lutoslawski, Penderecki (sa seconde période) et surtout Górecki, et dans une moindre mesure vers le Polish Radio Experimental Studio. Le compositeur évoque également la techno de Detroit et celle minimaliste allemande comme source d’inspiration.
Appeler une œuvre symphonie en 2021 est assez surprenant. Pas d’orchestre ici, mais un travail en quatre mouvements, autour de boucles de violon, sur la superposition de sons, leur amplification. Mais le nom, plus que montrer la volonté de se replacer dans un contexte harmonique ou historique (cette grande histoire de la symphonie et de son traitement), en mettant de côté, on l’espère, une certaine vanité, semble être un clin d’œil (appuyé) à cette génération polonaise précédente. Dans le genre clin d’œil, il y a aussi ces quelques bribes de folk qui rappellent Górecki et son utilisation des danses du massif des Tatras et des airs de Silésie.
Hélas, ici point de mélodies "expansives", point de musique sérielle, point de tintinnabuli, de réel travail sur les timbres, point d’ultra-chromatisme, point de recherches sur les dynamiques. Le rideau de fer est tombé et la pertinence, la spécification, presque politique (et infiniment religieuse) de cette musique d’une partie de l’Europe de l’Est avec. De Pärt Sroczynski n’en retient, comme la mauvaise représentation que l’on pourrait avoir des musiques répétitives, qu’un ensemble monolithique, qu’un développement mélodique autour d’un noyau, et qu’un temps lisse.
Reste l’idée d’une musique à la fois moderne et passéiste. Moderne dans sa façon de mêler instrument acoustique et l’électronique, l’agrégation des genres dans cette continuité de méta-esthétiques. Passéiste parce qu’elle renvoie, irrémédiablement aux langages du passé.
De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.