Ne m’oublie pas est le premier roman graphique d’Alix Garin, jeune illustratrice et scénariste belge. Elle y raconte l’histoire de Clémence, une jeune fille dont la grand-mère, Marie-Louise, est atteinte par la maladie d’Alzheimer. Souffrant de devoir assister au déclin de cette femme qu’elle aime tant, dans un élan d’audace, elle embarque donc sa grand-mère pour un road-trip improvisé à la recherche de la maison dans laquelle elle a grandi.
Ne m’oublie pas a quelque chose de la quête initiatique, de la découverte et de la compréhension simultanées de soi et de l’autre. Trois générations de femmes se mêlent et se confrontent en les personnages de Clémence, de sa mère et de sa grand-mère, avec toutes leurs différences mais aussi tout ce qu’elles ont à apprendre les unes des autres.
Le trait d’Alix Garin est épuré, allant à l’essentiel comme pour accrocher le lecteur aux échos de sa propre réalité, mais il est également empreint de beaucoup de poésie, apportant élégance et pudeur à un récit pourtant très intime.
Avec simplicité, inspirée de sa propre histoire familiale, l’autrice nous livre le point de vue d’une jeune femme qui voit Alzheimer éloigner d’elle sa grand-mère telle qu’elle l’a connue. On la voit impuissante et désarmée face aux angoisses de Marie-Louise, profondément touchée lorsqu’elle oublie jusqu’à sa propre famille, mais aussi pleine d’un espoir teinté d’amertume lors de ses moments de lucidité.
Pourtant, alors que je craignais avant ma lecture que les thématiques abordées ne rendent le récit dur et morose, il n’en est rien. Au rythme des tribulations de Clémence et Marie-Louise, le lecteur assiste à une succession de scènes parfois déroutantes et bien souvent drôles malgré l’ombre de la maladie.
Si une chose est certaine, c’est que Ne m’oublie pas porte un panel d’émotions plus diverses et réelles que je n’aurais osé l’espérer. Rien d’étonnant finalement lorsqu’on touche à des sujets aussi universels que les liens familiaux, l’angoisse liée au temps qui passe, la mémoire et son importance dans l’identité de chacun ou le lien à ses propres grands-parents et le sentiment de nostalgie mêlé de réconfort toujours un peu enfantin qui l’accompagne.
Si l’engouement pour l’ouvrage d’Alix Garin m’a tout d’abord freinée, j’aurais été bien idiote d’en rester là et je suis bien heureuse de m’être laissée surprendre par ce roman graphique très juste et surtout infiniment tendre et touchant, qui m’a fait verser des larmes d’émotion.
Je peux affirmer que son succès est entièrement justifié et j’irais jusqu’à écrire que j’ai hâte de voir ce que la jeune autrice nous réserve pour la suite.
Elie
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