Et la voilà ! "Glück auf !" Un égrégore lumineux ? Rodolphe Burger et Erik Marchand nous avaient épaté.e.s à l’aube du XXI avec Before Bach nous (dé)montrant que mixer les horizons musicaux en rend l’univers plus riche. Ils reviennent avec Glück Auf ! En allemand, cela renvoie au salut des mineurs, le souhait que l’autre, celui qu’on salue, remonte bien à la surface.
Une invitation donc à plonger dans leur œuvre pour en découvrir une pépite et une nouvelle surface, Glück auf !, c’est 8 titres, deux voix qui se complètent : la maîtrise et le lyrisme du chanteur breton Erik Marchand et la voix grave, posée, flegmatique de Rodolphe Burger ; et une équipe de haut vol : le joueur de oud franco-algérien Mehdi Haddab, déjà présent sur Before Bach ; Pauline Willerval à la gadoulka (violon bulgare) et à la voix parfois ; Julien Perraudeau (basse, clavier) et Arnaud Dieterlen (batterie) à la section rythmique. N’oublions pas les guitares reconnaissables et incomparables de Rodolphe Burger.
Réverbération superbe, son clair limpide et maîtrise des textures saturées. Le chanteur breton et le musicien alsacien nous offrent un voyage dans le temps et l’espace, ancrés dans notre époque et atemporel : il y a de l’électro, mais ce qu’il faut et surtout de l’électrique, de l’organique. Ces deux musiciens singuliers et pluriels ont une maîtrise rare des sons, des voix et des textures. Entre grand est et far ouest, leur curiosité musicale est à la hauteur de leur culture. L'écoute transparaît au coin de chaque titre, l'écoute des musiciens mais du monde aussi, de ceux qu'on n’écoute pas toujours. Leur pochette nous y invite : des indiens et de l’espace… On se rappelle alors le titre de l’album de Rodoplhe Burger et Olivier Cadiot, Welche / On n’est pas indiens c’est dommage.
L’engagement et la poésie ont bien des visages et s’écoutent différemment. Le morceau d’ouverture "Kazanova" nous emmène déjà loin. Les frontières s’annulent et on rentre dans la transe grâce aux boucles de gadoulka combinées aux déferlantes de oud et de guitare. "Kora Toprak" nous fait faire le plein d’énergie et le voyage continue… entre rock, électro, folk, world music, new wave…
"John Henry" nous invite sur les terres du blues, les espaces américains et la gadoulka devient harmonica pour répondre aux guitares et relier l’est et l’ouest. "Waste land" nous offre des structures rythmiques variées et plus complexes. La voix grave de Rodolphe Burger fait écho aux envols d’Erik marchand, et nous voilà entre ciel et terre, dans un monde multilangue.
"Nuit Albanaise" crée un pont entre Bretagne et Balkans : on profite des richesses de la gadoulka et on retrouve des choeurs bretons et une rythmique entraînante et envoûtante. Notre voyage s’achève avec un titre final sublime, "Eisbär" aux frontières de la New Wave. Et la formation achève son parcours avec chaleur et allégresse. On remonte à la surface… un peu changé.e et sonné.e mais enchanté.e, ayant découvert un minerai rare. C’est un album magistral, insolite, incontournable dans une bibliothèque.
N’hésitez pas à regarder cette vidéo teaser qui en raconte l’origine concoctée avec passion et patience dans le studio Klein Leberau à Sainte-Marie-aux-Mines. Et au passage, écoutez Environs de Rodolphe Burger, un chef d’oeuvre lui aussi.
# 17 septembre 2023 : C'est reparti pour une saison
C'est reparti pour une saison culturelle riche et variée qui saura espérons le attiser votre curiosité. On démarre avec le replay de la 70 Mare Aux Grenouilles et tout le reste du programme ci-dessous