Encore un nouvel ouvrage sur la Révolution me direz-vous ! Oui, pourrais-je répondre mais un ouvrage bien différent de ceux déjà publiés sur une période qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, à défaut d’avoir aussi fait couler beaucoup de sang.
Ici, les éditions Passés Composés nous proposent une synthèse de grande qualité sur la Révolution française et l’Empire Napoléonien à l’échelle de l’Europe avec à la plume Vincent Haegele, conservateur des bibliothèques de Versailles, archiviste paléographe et docteur en histoire.
Nous proposer un ouvrage sur l’Europe de Bonaparte entre 1789 et 1815, c’est s’interroger sur la barrière chronologique séparant la Révolution de la période impériale isole deux temps de l’histoire de France. Le premier étant constitué d’un moment collectif, celui de la Révolution. Le second étant alors centré autour d’un seul individu, Bonaparte.
Evidemment, à la lecture de cet ouvrage, il apparaît évident que cette barrière chronologique n’est pas satisfaisante si l’on considère que Napoléon s’est emparé des actifs de la Révolution pour mieux les consolider à travers l’œuvre de son régime.
Parmi les actifs en question, figurent l’internationalisation de la Révolution en Europe et la diffusion de ses idées à l’échelle du continent. Le système de famille des Bonaparte est la clé de voûte de cette Europe reconfigurée par un processus révolutionnaire inachevé.
L’ouvrage s’appuie sur trois grandes parties. La première au titre équivoque, guerre révolutionnaire ou révolution guerrière couvre la période 1789-1799. Elle montre que les premiers évènements de 1789 suscitent très vite l’intérêt des grandes cours européennes. En 1789, la notoriété des Buonaparte est encore loin d’être établie, la Corse ayant des spécificités et un héritage insulaire. De loin, le lieutenant Bonaparte observe et analyse ce qu’il se passe à Paris. L’ouvrage nous montre comment Napoléon fit de l’Italie le tremplin de ses ambitions mais aussi l’antichambre de ses projets politiques. En même temps, il se flatte d’être aussi italien que Corse d’être lié par l’histoire à la péninsule.
La deuxième partie, un singulier consul couvre la période 1800-1805, qui revient sur la bataille décisive de Marengo, qui ouvre une nouvelle époque, marquée par l’importance des négociations de Luneville. L’ouvrage nous emmène en Russie au moment où celle-ci se trouve en pleine tempête. Le consul envisage alors avec intérêt un rapprochement, rendu difficile par les conseillers du tsar très hostiles et l’absence d’ambassadeur en Russie. Après Luneville, les Français espèrent une paix civile, basée sur une politique de réconciliation, passant par le rétablissement du culte catholique. En même temps, un nouveau pape est élu à Rome, Pie VII. On découvre alors le jeune Bonaparte dans les premières années du consulat. Un jeune derrière lequel se trouve une famille, un clan composé de personnes qui ont des ambitions, pour certaines destructrices, notamment plus tard lors de la mise en place de l’empire. C’est ce système de famille qui va jouer un rôle important dans la reconfiguration de l’Europe.
La Russie, l’Italie, l’Allemagne ou l’Autriche, l’ouvrage nous emmène dans les différents théâtres européens au travers des parcours des membres de cette famille impériale, dans la troisième partie, intitulée l’héritier de Charlemagne, qui couvre la période 1805-1815. L’ouvrage nous explique pourquoi Charlemagne, nous montrant que Napoléon n’avait pas seulement pour référence Rome mais aussi Charlemagne qui fait figure de législateur et de pacificateur aux yeux de Napoléon. Cette partie traite donc aussi de la naissance de l’Empire, les guerres qui éclatent, les empereurs qui s’affrontent. Une partie est consacrée à Vienne puis à la campagne d’Autriche, une autre à la Prusse. On continue de voyager dans cette Europe, théâtre de révolutions, de la Suède à l’Espagne notamment qui auront des conséquences sur le destin de l’empire de Napoléon.
C’est vraiment un ouvrage complet que nous propose l’auteure, un ouvrage qui a dû lui donner beaucoup de travail de recherches pour être aussi précis. C’est aussi un ouvrage très facile à lire, construit sous la forme d’un récit vivant qui le rend particulièrement accessible à ceux qui ne sont pas spécialistes de la période et qui voudraient en apprendre davantage sur l’internationalisation de la révolution en Europe.
Je suis donc ravi d’avoir commencé mes lectures d’ouvrages d’Histoire pour cette nouvelle année scolaire en compagnie de cet ouvrage de Vincent Haegele. Je m’en vais maintenant me lancer dans un autre ouvrage intéressant qui traite de l’Histoire du terrorisme. Je vous en reparle très bientôt. |