On n’est jamais déçu lorsque l’on a entre les mains un ouvrage d’Agnès Desarthe. C’est donc toujours un immense plaisir que de la retrouver, toujours aux éditions de l’Olivier puisqu’elle publie pour cette rentrée littéraire son onzième roman dans cette maison d’édition. Inutile de vous présenter ces anciens romans, vous pouvez les acheter les yeux fermés, vous ne serez pas déçus. Et c’est la même chose pour son dernier ouvrage, L’éternel fiancé qui est une petite merveille de lecture que je vous invite fortement à vous procurer pour cette fin d’été.
A quoi peut bien ressembler une vie ? s’interroge l’auteure par l’intermédiaire de sa narratrice. Cela commence par une déclaration d’amour d’un enfant de quatre ans à une petite fille du même âge lors d’un concert de Noël à l'école. Il l’aime lui dit-il parce qu’elle a les yeux ronds. Désarçonnée, mais néanmoins touchée par ce délicat aveu, elle lui répond qu’elle ne l’aime pas car il a les cheveux de travers.
Des dizaines d’années plus tard, elle considère que ce garçon qu’elle rencontre par hasard, à intervalles réguliers, et qui se rappelle à peine son prénom d’une fois sur l’autre, lui appartient pour toujours, tel un éternel fiancé. Elle le revoit au lycée, puis des années plus tard dans les rues de Paris (alors qu’il vient de perdre son épouse, se retrouvant seul avec un enfant) puis encore quelques années encore plus tard.
Entre ces rencontres avec Etienne, cet éternel fiancé qui rythment l’ouvrage, se déroule une vie racontée par l’auteure de façon discontinue revenant sur des moments importants et intenses, dans laquelle la musique joue une place prépondérante, comme un fil rouge qui l’accompagne. Cela peut être parfois un peu déroutant à la lecture mais les pièces de vie du puzzle s’imbriquent au final parfaitement.
Ces moments de vie sont superbement écrits, mêlant la joie et la mélancolie avec parfois de savoureuses doses d’humour. Ces scènes, les histoires qu’Agnès Desarthe nous raconte de cette narratrice sont les images où viennent s’inscrire les moments d’une existence qui sans eux serait irrévocablement vouée à l’oubli. Conjurer l’oubli, c’est bien là le sens de ce roman animé d’une extraordinaire vitalité, alternant chutes et rebonds, effondrements et triomphe.
Agnès Desarthe possède un formidable talent d’écriture pour nous parler d’une vie, de vies qui s’entremêlent au gré d’amours de jeunesse, de chemins de vie compliqués, de retrouvailles, de joies et de tristesse. Les personnages qu’elle nous raconte ne sont et ne font jamais dans la banalité et l’écriture pour les décrire et les raconter ne l’est jamais non plus. Décidemment, Agnès Desarthe n’a de cesse de nous étonner, toujours pour le meilleur. On attend déjà le prochain ouvrage. |