Encore un nouvel ouvrage particulièrement attendu que nous proposent les éditions Passés-Composés pour ce début de mois de septembre. Attendu depuis près de 20 ans, c’est donc une grande synthèse sur la Shoah qui vient de paraître dirigée par trois historiens, experts et membres de commissions de la fondation pour la mémoire de la Shoah.
On pourrait s’interroger sur la nécessité d’un nouvel ouvrage sur cet évènement tragique du 20ème siècle, tant les publications, les documentaires et les films sont légion sur ce sujet. Pour autant, les questions soulevées par l’histoire de la Shoah méritent des réponses claires. Or depuis trente ans, l’historiographie sur le nazisme et la Shoah a profondément évolué, et nombre d’interrogations ont trouvé leur réponse grâce aux travaux d’une nouvelle génération de chercheurs et de chercheuses. Ce sont notamment eux qui ont contribué à la rédaction de cet ouvrage, des historiens de grande qualité qui sont spécialisés sur des sujets essentiels concernant la Shoah. On retrouve par exemple Marie Moutier-Mitan, auteur d’un excellent ouvrage il y a quelques mois. En tout 20 auteurs ont participé à cet ouvrage.
Sans délaisser les questions cruciales des origines, du déroulement et de la géographie de la Shoah (c’est l’objet de la première partie du livre), ces auteurs fournissent ici des éléments clés pour comprendre le rôle des ghettos mais aussi les centres de mise à mort. Ils nous proposent aussi un chapitre particulièrement intéressant concernant Vichy et la Shoah, les résistances juives face à la répression. C’est l’objet de la seconde partie de l’ouvrage concernant la Shoah en France avec notamment des parties sur les résistances juives en France face à la Shoah et sur l’aide et le sauvetage en France. Dans cette partie, Cindy Biesse s’interroge sur le vocabulaire, sur le contexte mémoriel qui confond assez souvent la problématique du sauvetage avec celles des Justes français, héros ordinaires sortis de l’ombre par Jacques Chirac en 1995. Elle nous explique aussi pourquoi il est important de distinguer aide et sauvetage.
Même si ces deux premières parties sont particulièrement intéressantes, je dois bien avouer que c’est sur les deux dernières que mon attention s’est portée. La troisième partie porte sur les enjeux mémoriels et éducatifs. Elle porte sur la mémoire de la Shoah en France mais aussi sur les voyages de mémoires sur les lieux de cette Shoah. Elle s’interroge sur les effets que produisent les visites scolaires du camp d’Auschwitz-Birkenau. Franchement, cette analyse est d’une grande pertinence montrant l’évolution de l’attitude des élèves lors des visites. Evidemment, elle s’appuie sur une vaste enquête sur plusieurs années. Elle traite enfin des défis de l’enseignement de la Shoah, notamment autour des difficultés que peuvent rencontrer les enseignants quand ils abordent ce sujet en classe.
La dernière partie porte sur les sujets sensibles, nous expliquant ce que savaient les alliés concernant l’extermination des juifs. Un chapitre est consacré à l’Allemagne, au monde arabo-musulman et à la Shoah, proposant un état des lieux de la recherche sur ce sujet. Les trois derniers chapitres sont consacrés aux comparaisons entre les génocides, à l’histoire du négationnisme entre 1948 et aujourd’hui (encore un chapitre brillant) et aux affinités entre le complotisme et l’antisémitisme, encore un sujet d’actualité.
Alors voilà j’ai eu la grande chance ces dernières semaines de pouvoir lire de très grands ouvrages historiques sur la Shoah (celui-ci) et le terrorisme. A chaque fois, j’ai pris plaisir à apprendre de nombreuses choses qui me seront utiles dans mon enseignement. |