Voilà un ouvrage qui m’a tout de suite fait de l’œil dès que j’ai appris sa future parution il y a quelques mois. Non pas que le personnage de Mussolini me fascine, il n’en reste pas moi qu’il m’intéresse particulièrement car il est un personnage beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.
Avec ce dernier ouvrage qui lui est consacrée, cette biographie littéraire et historique, Maurizio Serra nous propose un ouvrage exceptionnel pour mieux comprendre Mussolini. On le sait, l’homme qui dirigea l’Italie inspire volontiers le mépris ou le dédain, ce qui pousse à le réduire à sa caricature de démagogue populiste, le torse bombé et le menton en avant notamment mis en scène par Charlie Chaplin dans le dictateur.
Maurizio Serra nous montre pourtant que Mussolini reste une énigme et son régime, le fascisme ne saurait se réduire à sa défaite annoncée et à sa fin tragique. Le duce a brouillé les pistes en multipliant les postures et les visages, donnant le tournis à ses contemporains par ses métamorphoses perpétuelles, du socialiste intransigeant des origines au complice honni de Hitler, en passant par la fausse épopée de la marche sur Rome.
Mussolini est l’homme des paradoxes, sa vie en est le parfait témoin. Dictateur pacifique, épurateur insensible mais conciliateur avec le Vatican, réformateur et conservateur, pater familias et volage, ivre de conquêtes mais dépourvu de moyens militaires de sa démesure, avide de reconnaissance tout en détestant les mondanités, les exemples sont légion pour nous le prouver.
Avec son ouvrage, particulièrement passionnant et superbement écrit, Maurizio Serra tente de percer le mystère Mussolini au travers d’une biographie novatrice et exemplaire, s’attardant sur l’individu avant d’ausculter son pouvoir et de dérouler sa chute.
L’ouvrage se décompose donc en trois grandes parties, l’homme, ses défis et la faillite, chacune de ces trois parties s’ouvrant sur une citation de Napoléon, Salluste et Cicéron. Autour de ces trois parties, c’est un immense menteur qui apparaît au sujet du Duce, le mensonge fut une pratique récurrente chez Mussolini. L’épisode de la marche de Rome en est un exemple parfait, le mensonge étant au cœur de ce fameux mystère Mussolini. L’auteur nous le prouve autour de nombreux exemples, parfois surprenant quand le Duce laissait une lampe allumer dans son bureau pour laisser croire qu’il travaillait toute la nuit alors qu’il était plutôt du genre à se coucher tôt.
En plus d’être un grand menteur, Mussolini apparaît aussi comme un très grand opportuniste dont l’image fut ternie un peu partout en Europe, suite à certaines de ses prises de positions et à certaines de ses conquêtes.
Mussolini, c’est aussi l’homme des mauvais choix, des mauvaises alliances mais aussi celui qui créa à Salo la fantoche république sociale avant d’être arrêté puis fusillé. On sait ensuite ce que l’on fit de son corps en place publique, ce que Hitler ne voulait pas qu’il lui arrive aussi.
Le mystère Mussolini est donc un excellent ouvrage qui nous propose une autre image du dictateur italien. Très complet, notamment avec les nombreuses notes de bas de pages, il s’appuie sur un travail de recherche méticuleux, sur des sources variées (avec notamment des témoignages de proches du Duce) pour nous proposer un ouvrage qui est maintenant une véritable référence sur Mussolini. Le mystère autour de cet homme est donc enfin percé, de façon totalement passionnante. |