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Interview  octobre 2021

Virtuosité, générosité, sincérité, partage c’est tout ce que nous aimons dans la musique de Marianne Piketty et de son ensemble Le Concert Idéal. Alors que leur dernier disque Vivaldi, l’âge d’or vient tout juste de sortir et à la veille d’un concert à Bar-le-Duc, nous l’avons rencontré sous un beau soleil et au cœur du quartier renaissance de la ville Meusienne.

Comment êtes-vous passée de l’idée de lier l’œuvre d'Hildegarde von Bingen et le Concerto Funèbre de Hartmann dans le disque l’Heure Bleue à Vivaldi et ses contemporains ? N’est-ce pas un fil d’Ariane (du nom de l’un de ses disques) que vous dérouleriez ?

Marianne Piketty : Si l’on revient en arrière, ce qui a sous-tendu dans le fil d’Ariane effectivement, c’est l’idée de l’émancipation féminine. C’est un chemin tracé, l’idée de l’errance. J’ai eu un début de vie musicale où je suis partie de façon très éclectique en faisant du tango, de la musique baroque à nos jours. Mais l’idée est de faire des choses où jaillissent des idées, des concepts. Je ne sais pas si j’y arriverai toujours mais l’idée et de faire voyager, de faire voir la musique autrement. Et puis aussi pour nous c’est découvrir des univers, comme celui d’Hildegarde von Bingen. Allez voir des gens spécialistes de cette musique, comprendre comment la faire sonner. Là pour Vivaldi, l’âge d’or nous avons travaillé avec Olivier Foures qui est aussi spécialiste du répertoire italien du XVIIème et XVIIIème, dans l’idée d’une suite à notre spectacle Vivaldi / Piazzolla.

Nous l’avons donné à Avignon, et cela permet, de faire une de nos missions. Ce que j’adore, c’est d’aller devant un public qui a priori pense que la musique n’est pas pour lui. Et à Avignon, c’est un peu cela. La musique classique n’y a pas forcément sa place. Nous étions le seul spectacle sans aucun texte. On va chercher les gens dans la rue. Nous pensions que cela marcherait moins bien que le spectacle Vivaldi / Piazzolla, mais nous avons eu de nombreux témoignages de gens qui ne venaient jamais aux concerts et qui ressortaient avec les larmes aux yeux... La musique peut transformer une vie, j’y crois beaucoup. J’ai plaisir à aller jouer dans les hôpitaux, dans les foyers Emmaüs, dans les EHPAD c’est aussi notre mission. Ce sont des petites choses mais il se passe toujours quelque chose, des choses très fortes. Et cela me confirme, je le fais très souvent, que si nous artistes allons au-devant ce public, sans démagogie, le public est là pour la musique classique. Nous pouvons leur jouer Hildegarde von Bingen, Vivaldi bien sûr aussi.

Nous ne voulions pas vraiment rejouer les quatre saisons. Nous avons donc travaillé avec Olivier Foures. Nous avons eu la chance d’avoir accès à des inédits de Vivaldi. Nous avons un peu notre part de pionniers dans ce répertoire-là. Et puis après ce qui me plaisait : l’Heure Bleue est sortie en plein confinement, alors que le sujet de l’Heure Bleue c’est justement cela, c’est ce moment de silence où l’on espère que l’on va vers un jour lumineux et Vivaldi, l’âge d’or a été conçu pendant le confinement et j’avais envie de foisonnement musical, de lumière, de joie, de vie. La nuit c’est bien mais je ne voulais plus de sombre. Le programme essaie donc de recréer ce foisonnement musical à Venise au XVIIème et XVIIIème où la musique est absolument partout. Et c’est ce que nous aimons ! Et puis nous nous faisons plaisir, c’est aussi le but du Concert Idéal. C’est un espace de liberté et de plaisir. J’avais envie de couleurs, quelque chose d’ensoleillé, parce que je pense aussi que nous en avons besoin.

Et cela se retrouve dans la pochette du disque !

Marianne Piketty : Oui c’est vrai. Et nous l’avons beaucoup changée. Le titre aussi a changé, le disque devait s’appelait Impressions Vénitiennes. Et puis nous partions en Avignon et je me suis dit qu'il fallait qu’il y ait Vivaldi dans le titre. Et puis Vivaldi l’âge d’or en référence à la phrase de Nietzsche.

Il y a presque un côté pédagogique dans votre musique, dans cette façon d’aller vers les gens...

Marianne Piketty : A coup sûr une transmission. C’est un aspect très important de ma vie, puisque je suis professeure depuis très longtemps et dans Le Concert Idéal la plupart ce sont des anciens élèves. Cette notion d’action culturelle, d’aller au-devant des gens, je le fais depuis longtemps, à Trappes en Yvelines, en région centre, j’ai créé un concours international à Mirecourt... L’idée, c’est que j’ai presque un côté pèlerin, aller vers le public, aller le toucher. C’est un engagement citoyen.

Pourquoi avoir appelé votre ensemble : le Concert Idéal ?

Marianne Piketty : Déjà c’est compliqué de trouver un nom.

C’est un nom qui est fort de sens...

Marianne Piketty : L’idée, c’est que cet ensemble soit un espace de liberté. Je suis arrivé à un moment où j’avais fait beaucoup de choses différentes, et j’avais envie de plus de liberté, m’autoriser à aller vers d’autres musiques. Mais cela impliquait de trouver des musiciens prêts à se mettre en déséquilibre pour se révéler eux-mêmes, pour faire jaillir des choses. C’est donc un espace de liberté, un espace idéal, humainement et musicalement. Nous ne nous estimons pas meilleurs que les autres, c’est juste que nous nous autorisons les choses.

Et puis le mot concert fait sens... C'est en concert que se révèlent les choses... Il peut y avoir une différence avec les moments où l’on enregistre.

Marianne Piketty : L’enregistrement c’est un moment qu’il faut d’abord concevoir, c’est un engagement et on en ressort toujours transformé avec une autre vision. Pour Vivaldi par exemple, c’est mon premier enregistrement sur cordes en boyaux avec archet baroque. C’est une totale mise en déséquilibre. Je n’aurais pas pu le faire si nous n’avions pas été en confinement. Parce que passer de l’un à l’autre, c’est impossible, il me fallait du temps. Mais il faut que l’enregistrement soit lié aux concerts sinon cela n’a pas de sens. Mais j’aime le concert plus que l’enregistrement, parce qu’on reçoit autant que l’on donne. Quand on va jouer dans les hôpitaux, dans les écoles par exemple on a un accès direct aux émotions...

Justement, est-ce l’action culturelle qui détermine vos projets musicaux, puisque l’on peut tout oser face à un public qui n’a aucun a priori, jouer Hersant, Vivaldi, Hartmann, Chostakovitch ?

Marianne Piketty : C’est exactement cela. Mais, je ne pense pas d’abord en action culturelle. Je voulais faire le concerto d’Hartmann, je voulais faire Vivaldi. Nous venons de faire une très belle création de Camille Pépin. Et il est évident que nous allons construire tout un programme autour d’elle. Je veux aussi travailler sur Lili Boulanger et c’est lié à Alex Nante. Cela se construit petit à petit. Vous savez comment c’est la création... On cherche un équilibre, ce sont des processus longs. Je sais que je ne sais rien, je m’autorise donc jusqu’au bout les changements. Les idées viennent petit à petit.

Vous ne pensez donc pas en termes de "carrière"...

Marianne Piketty : Non. Je pense en termes de vie artistique. Je ne cherche pas à laisser une trace, je cherche à aller au-devant des gens. Mon chemin de vie c’est vraiment le lien et c’est là où je me sens bien. Je sais que je ne peux pas vivre sans musique.

Et pourtant vous avez arrêté deux fois le violon !

Marianne Piketty : J’ai eu la chance de faire des choses formidables très jeune. A 7 ans je travaillais 3 heures par jour, 5 heures à dix. Je pratiquais du sport aussi à haut niveau. Donc c’était une vie très particulière. J’étais arrivée à 13 ans au CNSM, j’étais la plus jeune. On n’est pas bien à 13 ans, jeune fille au CNSM alors que la moyenne d’âge c’est 18. Je ne voyais plus le sens. Et là mon prof et mes parents ont été géniaux. Ils m’ont laissé arrêter. Mais au bout de trois mois j’ai eu envie de reprendre, et j’ai repris différemment. L’autre arrêt c’est à trente ans, j’étais enceinte, j’avais un poste de professeur, le trac c'était compliqué, les voyages. Je me suis dit que je n’avais plus envie de vivre avec cette pression. Et au début c’était génial, vraiment. Pendant un mois je me réveillais, j’étais détendue. J’avais du temps pour moi... Et puis à un moment, physiquement j’ai senti que j’étouffais, que je n’arrivais plus à respirer. C’était insupportable. Là je me suis dit que pour moi c’était vital, que je n’avais pas le choix. Et là l’espace du Concert Idéal prend toute sa place. Maintenant ma seule anxiété c’est de ne plus avoir d’idée ou plus d’envie.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Le fil d'Ariane de Marianne Piketty & Le Concert Idéal
La chronique de l'album Vivaldi, l'âge d'or de Marianne Piketty & Le concert idéal
La chronique de l'album Sous l'étoile de Marianne Piketty & Le Concert Idéal
La chronique de l'album L'Heure bleue de Marianne Piketty, Le Concert Idéal

En savoir plus :
Le site officiel de Marianne Piketty
Le Soundcloud de Marianne Piketty
Le Facebook de Marianne Piketty
Le site officiel de Le concert idéal
Le Facebook de Le concert idéal


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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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