Disons-le tout de suite, le saxophoniste français Samy Thiébault clôture de la plus belle des façons cette trilogie débutée avec Caribbean Stories, poursuivie avec Symphonic Tales et qui se termine donc avec ce Awé !.

Mais si le sujet de cette trilogie est une sorte de tour du monde, entre les Caraïbes, l’Afrique et l’Inde, c’est surtout la possibilité pour Samy Thiébault d’un retour aux sources maternelles et aux racines du jazz, d’investir les champs qu’il affectionne comme le travail sur les timbres, le phrasé, le rythme, la dimension orchestrale.

Et ce Awé ! en est le parfait aboutissement. Véritable remise en question (sur sa façon de jouer...) et en perspectives (le spectre des musiques des Caraïbes, son rapport à Coltrane, le soin apporté au son, aux arrangements), ce disque est un véritable manifeste du jouer ensemble comme du vivre ensemble. Preuve en est avec la présence dans ce disque de Brian Lynch (trompette), Eric Legnini (Fender Rhodes), Manuel Valera (piano), José Gola (basse), Yunior Terry (contrebasse), Dafnis Prieto (batterie), Mathieu Gautron (bandonéon), Yaïté Ramos Rodriguez (voix), Cécile Hardouin (basson) et d’un petit ensemble instrumental chambriste (quintette à cordes, flute, hautbois, cor, basson, clarinette, tuba).

Et le tout sonne magnifiquement (ce groove, ces mélodies !) et, et plus qu’à une simple réappropriation ou somme d’influences, fait totalement sens, puisqu’aux rythmiques, aux mélodies et aux harmonies caribéennes, créoles se mélangent sonorités plus européennes (ou occidentales...). Une totale réussite.