Les gueules noires sont ces ouvriers à la face noircie de charbon, les yeux d’une blancheur spectrale et un sourire à faire pâlir la plus dentue des créatures de la nuit. Comme dirait Pierre, le Nord, c’était les corons. C’est donc là que se déroule la bande dessinée scénarisée par Alain Gillot (alias Zampano) et dessinée par Jack Domon : Les gueules noires.
L’histoire, c’est celle d’une ville dans une région houillère que le désespoir grignote petit à petit. Parce que les mines ferment, le chômage sévit, et les tas de charbon rappellent chaque jour que Monsieur boulot est parti et qu’il ne reviendra pas. Une bande de jeunes passionnés de ballon rond échangent des tirs dans un terrain a priori inoccupé quand un baraqué pas commode les déloge. Pas de souci, ils en trouvent un autre, mais celui-là a de quoi remuer les souvenirs, il s’agit d’un parc attenant à une mine désaffectée.
Avec candeur et malice, le projet des enfants de transformer ce terrain en stade fait boule de neige dans la rue, et c’est toute une communauté qui se lie pour rendre le rêve possible. Entre nostalgie et espoir, la bande dessinée est un élan d’optimisme à la sincérité ravageuse.
Pour ceux qui aiment le foot et son esprit d’entraide, pour ceux qui le détestent "parce qu’il y a trop de fric", pour ceux qui aiment les belles histoires d’amitié, pour les courageux, les indomptables et les avachis, Les gueules noires véhicule de la bonne humeur. On garde le pli du sourire que l’amitié laisse au regard. |