Avec "Aux frontières de l'humain", le Musée de l'Homme présente exposition transdisciplinaire tentaculaire par les thèmes abordés avec une multitude d'objets muséographiques, de dispositifs numériques et d'œuvres d’art contemporain.
Et ce pour constituer, ainsi indiqué par les commissaires, les muséographes Kinga Grege et Judith Naslednikov, une exposition "d’idées" autour du terme polysémique "humain", notion, concept et réalité corporelle en ce début de 21ème siècle.
Avec la collaboration de nombreux commissaires scientifiques, elles l'ont conçue en parties thématiques déclinant l'humain de celui qui se considère comme un animal d'exception à celui qui se rêve immortel, individuellement scénarisées de manière attractive par l'Agence Klapisch Claisse et ponctuées d'oeuvres d'artistes inscrit dans le registre du bio-art,
Aux frontières de l'Humain : Push the Limits... d'une science sans conscience ?
L'exposition est judicieusement introduite par l'oeuvre "Q uadrum" du céramiste contemporain Samuel Yal reprise sur l'affiche qui représente un homme "éclaté" qui ne serait pas qu'un corps organiciste, entité globale physique soumise au déterminisme génétique et biologique, mais un assemblage de différents morceaux soumis à des (re)constructions non seulement intellectuelles mais potentiellement reconstructible.
Une reconstruction rendue possible avec les nouvelles découvertes scientifiques et technologiques dont elle dresse, sans prendre parti, un état des lieux objectif en plusieurs sections thématiques pouvant susciter une réflexion sur les pratiques engagées et les nouvelles disciplines, telle l'éthologie, qui font bouger les lignes et déstabilisent les connaissances et croyances au regard de l'homme dans le monde et la chaîne du vivant.
Et ce dans temps obsédé par la mort nonobstant son déni affiché, où la science et la technique ont remplacé Dieu en proposant plus que la résurrection des morts avec une batterie d'innovations qui repoussent les phénomènes naturels encadrant - et déterminant - l'inéluctable finitude humaine et lui promettant à plus ou moins long terme l'immortalité.

De plus, elles le défient sur le plan démiurgique, jouant les sorciers du "space-age" en détournant les avancées opérées à des fins thérapeutiques pour la création in vitro d'une chimère, avec ses ratés occultés que représente la sculptrice australienne Patricia Piccinini ainsi avec "The Bond", qui ressemblerait à un humain idéal tant pour les "parents", avec à la clé un fabuleux business qui n'a rien de philanthropique tel le bébé à la carte, que pour une société orwellienne à l’eugénisme implicite.

Un homme nouveau pour une nouvelle ère fondée sur la manipulation du vivant, et le prosélytisme du transhumanisme allant jusqu'à l’uploading du cerveau pour l'implanter dans un robot, qui voisine avec le cyborg, un humain truffé de mécanique et d'électronique dont rêvaient tous les auteurs de science-fiction, et "personnage-créature" qui inspire également les artistes telle la plasticienne coréenne Lee Bul.
Egalement les designers notamment pour l'esthétisme des sneakers profilés indispensable élément de la panoplie du morphotype de l'athlète de haut niveau et celui des prothèses de membres.
Et "so what ?". La dernière section, "On va tous y passer", repose sur le paradoxe d'un homme immortel sur une planète vouée à la destruction mais est twistée par un épilogue usant d'un connecteur qui fait florès, le "en même temps", dans un épilogue intitulé "Tout n'est pas perdu..." quelques postures rassérénantes sinon cocasses illustrées par un récit sonore de la journaliste spécialisée dans l’environnement, réalisatrice de documentaires et humoriste Laure Noualhat avec son personnage Bridget Kyoto.
En préambule à la visite, visionner :
un diaporama de l'exposition
les pastilles vidéos de Bridget Kyoto
un extrait vidéo du 4ème Manifeste du Muséum "Face aux limites"
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