Alors que certaines comédiennes poussent la chansonnette avec une voix fluette qui fait davantage penser à un long soupir qu'à une quelconque ligne mélodique, il est une chanteuse qui donne dans la comédie, transformant son concert en spectacle et ses chansons en scénettes de vie quotidienne de la gente féminine.
Album enregistré en janvier de l'année dernière lors d'un concert dans la cité phocéenne, The Cheap Show paru il y a quelques mois, ressort aujourd'hui agrémenté de nouveaux titres dont trois tirés d'une black session enregistrée il y a peu.
Chanteuse, comédienne, humoriste, tout cela réuni en une même personne. Jeune femme de 29 ans originaire de Grenoble puis Marseille, Anaïs prend pourtant au détour d'une virgule un accent québécois. Parodiant une certaine Linda L. qu'elle renomme pour l'occasion Molay, elle lui emprunte son phrasé et débute par "Même si la vie c'pas du foie gras". Le ton est donné, l'ambiance assurée.
Anaïs brouille les pistes et s'en amuse. Avec un ton personnel, décalé, des textes caustiques qu'elle interprète et joue, elle déroule ses histoires faites de petits tracas, de joies, de petits riens...
Approche de la trentaine oblige et donc crise existentielle frémissante, elle déroule toutes les névroses féminines inhérentes : le célibat, la cocuage, la maternité...
Avec sa guitare acoustique pour seul instrument elle voyage dans son univers, se promenant du folk au rap ("Rap collectif"), en passant par le Rn'B avec la reprise de "Rock your body" de Justin Timberlake (intégralement interprété à la bouche !), ou la musique noire américaine avec "Bad blues Payer". Elle s'y fend au passage d'un solo d'harmonica plus vrai que nature... mais sans l'instrument en question !
Ainsi avec une voix qui lui permet toutes les fantaisies, elle balade l'auditeur et le surprend.
Des chants celtiques du premier interlude (se nommant à juste titre "Pendant ce temps là en Ecosse"), à "Elle sort qu'avec des blacks" aux sonorités très africaines, elle fait preuve d'une grande inventivité et fait souffler, dans la variété française, une grande rafale de fraîcheur. Associée à un sampler, elle superpose les voix, officiant tour à tour en tant que boite à rythme, basse, chant, chœurs ...
Evidemment ça parle beaucoup plus aux filles qu'aux pauvres mâles (difficile pour les hommes, même avec la meilleure volonté du monde, de se reconnaître dans "La plus belle chose du monde" qui traite de l'accouchement !).
Le cinéma a eu sa Bridget Jones, maintenant la musique a Anaïs.
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