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Marie Dumora  (novembre 2021)  2021

Réalisé par Marie Dumora. France. Documentaire. 1h30 (Sortie 17 novembre 2021).

En 2010, on avait beaucoup aimé un des premiers films de Marie Dumora, "Je voudrais aimer personne" qui racontait l'histoire d'une toute jeune fille de la banlieue de Mulhouse, Sabrina, enceinte mineure et placée en foyer dans l'attente de la naissance de son fils, Nicolas.

On avait comparé Marie Dumora aux plus grands documentaristes français, de Jean Rouch à Raymond Depardon. On était allé jusqu'à trouver qu'elle filmait les "gens de peu" comme John Ford filmait ses communautés d'Irlandais ou les "Oakies" des "Raisins de la Colère".

On misait donc gros sur la jeune cinéaste et, en voyant "Loin de vous j'ai grandi", la suite des "aventures" de Sabrina et de Nicolas, on peut affirmer qu'elle n'a pas déçu.

Entre temps, on avait pu voir dans un festival à la Cinémathèque du documentaire du Centre Pompidou un autre très beau travail de Marie Dumora, "Forbach forever" où elle suivait des jazzman manouches, tous installés à Forbach, foyer de plusieurs générations de guitaristes sédentarisés.

Aujourd'hui, avec "Loin de vous j'ai grandi", Marie Dumora s'inscrit dans cette féconde génération de documentaristes dans laquelle on peut citer Claire Simon, Dominique Cabrera, Claudine Bories et Marianne Otero.

Son regard qu'on qualifiait de juste pour suivre la jeune Sabrina dans "Je voudrais aimer personne" a encore gagné en humanité. Il faut dire qu'elle connaît très bien cette famille alsacienne puisqu'elle lui a aussi consacré un autre film, "Belinda" (2017), cette fois centré sur la sœur de Sabrina.

Cette proximité n'est absolument pas gênante. Au contraire. Elle est désormais en immersion dans ce milieu. On verra ainsi différents membres de la famille, à commencer par le grand-père maternel des deux filles.

Toujours loin de la compassion, on sent Marie Dumora débarrassée de tout problème "moral" : elle n'est jamais dans le voyeurisme. Ces gens qui parlent un français approximatif, avec un fort accent de l'Est de la France, ne sont ni jugés ni magnifiés. Sabrina est une jeune femme trentenaire qui a maintenant quatre enfants et l'on imagine bien quel discours certains pourraient tenir.

On la découvre toujours battante et pleine d'amour pour ce premier fils qu'elle n'a pas pu élever. Celui-ci est un adolescent attachant, aimant lire un livre sur "Ulysse" et découvrant Jack London. On a évidemment peur pour lui dans quelque temps, quand il vas se retrouver hors du foyer, hors de l'influence de sa mère, à l'âge où il va se retrouver majeur, libre...

Dans "Loin de vous j'ai grandi" de Marie Dumora, le puzzle de la famille de Sabrina se complète. On apprend pourquoi les baptêmes sont si importants et la religion si présente pour elle et ses proches : ces gens ne sont pas sociologiquement des sous-prolétaires. Ils ont une histoire qui commence au Struthof, le seul camp de concentration situé en France...

En effet, les arrière-grands parents de Belinda et Sabrina se sont connus là, où ils étaient déportés comme yeniches, ces nomades voisins des tsiganes. Voilà donc une singularité qui marque la famille actuellement sédentarisée, qui explique en partie pourquoi Sabrina comme Nicolas fuguaient sans raison apparente.

Mais eux-mêmes n'en font pas le marqueur de leur destin, qui les inscriraient dans une espèce de marginalité éternelle. Non, comme sa mère, Nicolas aspire avec courage à une vie "normale" et fera sans doute beaucoup d'effort pour y parvenir.

Peut-être Marie Dumora continuera-t-elle à donner périodiquement de ses nouvelles. En tout cas, on espère que tout se passera bien et qu'elle le filmera toujours avec une égale justesse. Sa caméra est bien présente, certes mais elle n'est jamais intrusive et l'on sent que ses sujets l'ont complètement oublié. On se doute pourtant que d'être ainsi filmés depuis des années rétroagit sur eux, les oblige à parler plus qu'ils ne le feraient eux qui paraissent tous taiseux.

Au fond, tant mieux si la caméra n'est pas neutre et si elle leur permet, comme c'est le cas pour Sabrina, d'avancer dans la vie et d'être filmée à son avantage, celui d'une belle personne pleine de courage et consciente qu'elle va construire quelque chose si elle ne se laisse jamais aller.

"Loin de vous j'ai grandi" de Marie Dumora est une œuvre qui met en valeur des personnes qu'on voit à peine ou qu'on méprise quand on les voit. Que les préjugés puissent tomber ou reculer grâce à un film, c'est la grandeur du cinéma que pratique Marie Dumora.

 

Philippe Person         
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Tout fout le camp en ce moment. En attendant des jours meilleurs, accrochons nous et noyons notre chagrin dans la culture !Cc'est parti pour le sommaire de la semaine en commençant par le replay de la 63eme Mare Aux Grenouilles.

Du côté de la musique :

"Your mother should know, Brad Mehldau plays the Beatles" de Brad Mehldau
"Soul tropical" de David Walters
"Embers" de Embers
"Le courage" de Julie Rey et Adrien Desse
"Nuit blanche" de Anodine
"Désequilibre" de Bilbao Kung Fu
"Elements" de Foehn
"La Sagrada" de Natalia Doco
"Red cloud" de Red Cloud
"Isla" de Simon Moullier
et toujours :
"Sound of Eymet" de Adrien Chicot
"O futuro é mais bonito" de Anna Setton
"Vertigo" de Bipolar Club
"W.A. Mozart : The prussian quartets" de Chiaroscuro Quartet
"Principia" de En Attendant Ana
"Charivari" de Marcel
"111" de One Shot
"A very big lunh" de Papanosh
"Brothers & Sisters" de Steve Mason
"Screamers" de Treponem Pal

Au théâtre :

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"Tom na Fazenda" au Théâtre Paris-Villette
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les reprises :
"Nagasaki" au 100ECS
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"Maya, une voix" au Lavoir Moderne Parisien
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